A la découverte de Mankono
La ville de Mankono est une cité qui se trouve dans la région Nord de la Côte d’Ivoire. Mankono s’étend sur une superficie d’environ 10.660 km2 et occupe une zone de glacis. Il est limité au sud par les départements de Béoumi, Zuénoula et Vavoua, à l’est par Bouaké et Katiola, à l’ouest par Seguela et au nord par Boundiali et Korhogo.
Il se trouve à 455 km d’Abidjan, à 212 km de Yamoussoukro, à 172 km de Bouaké et à 71 km de Séguéla, le second département et chef-lieu de la région du Worodougou.
Mankono est l’un des plus vastes départements de la Côte d’Ivoire avec du sud au Nord, plus de 200 km en ligne droite. Il couvre sept (07) sous-préfectures dont Kongasso, Konahiri, Tiéningboulé, Marandala, Sarhala, Dianra et Mankono même.
Qui sont les hommes et les femmes qui occupent ce vaste espace géographique ?
La structure ethnosociologique
Mankono est l’un des plus grands creusets de la diversité ethnique ivoirienne; on aurait dit un lieu de communion humaine.
Il faut en juger par le répertoire ethnique qui est le suivant :
Deux des quatre grandes aires ethnoculturelles de la Côte d’Ivoire s’y retrouvent; il s’agit des groupes Mandé et Gourmantché ou Gour.
Pour les Mandé, on a, par ordre d’envergure démographique, les Mandé nord ou Malinke. Il s’agit des Nigbi, Koyaka, Sia, Koro et Biélou.
Ensuite, les Mandé sud. Ce sont essentiellement les Mona, Ouan et Gouro.
Pour les Gour, on note la présence massive des Gbato (Senoufo).
Il reste entendu que les Koyaka qu’on trouve dans la sous-préfecture de Mankono, sont le centre d’intérêt de l’étude présente; car c’est de leur espace et de leur histoire qu’est issu le Doh. Même s’il convient de signaler que de plus en plus, les concepts Koyaka et Doh débordent de leur lit originel, pour embrasser tout le département voire toute la région du Worodougou.
Historique de Mankono
L’espace occupé aujourd’hui par les Koyaka est une zone de peuplement Sénoufo. Il s’agissait d’une multitude de sous-groupes dont les traditions orales gardent quelque souvenir : les Somorho, les N’gulé, les Sonnon, etc.
Ces populations vivaient essentiellement d’agriculture, de chasse et d’artisanat. Les Somorho sont ainsi reconnus comme d’excellents métallurgistes dont on retrouve les vestiges sous forme de gros amas de scories du travail du fer (Fizanlouman, Kogolo, Mankono, Toulé, etc.)
En raison de sa situation géographique et de la richesse de son sous-sol (zone d’orpaillage), il semble que la région ait attiré très tôt les populations Mandingues intégrées dans le trafic commercial connu sous le nom de commerce transsaharien.
Les premiers mandingues semblent être les Ligbi qui parcourent la zone dès la fin du XIIème et le début du XIIIème siècle, à l’instar des Ligbi du Nord-Est de la Côte d’Ivoire (Kong, Bouna, Bondoukou).
Ce premier peuplement mandingue se renforce à partir du XIIIème siècle par une seconde vague.
La configuration ethnosociologique actuelle de Mankono remonterait au 14e -15e siècle.
C’est à cette époque en effet, que les Koyaka, comme tous les Malinké, primitivement issus des bords du Niger, ont dû partir de l’empire du Mali en pleine déconfiture à cause des nombreuses guerres de succession.
Une fois parvenus à leur emplacement actuel après parfois des décennies de périple, les Koyaka ont d’abord créé plusieurs villages disséminés dans la zone pré-forestière.
Le mot Mankono, selon une version de l’histoire, serait issu des premiers contacts avec le colonisateur européen.
En effet, rencontré dans la région par un groupe d’européens qui souhaitaient savoir le nom de la localité, un indigène Koyaka, apeuré et ne comprenant rien aux propos de ses interlocuteurs, héla son compagnon qui avait des mètres de distance sur lui, en ces termes : man-kônon ! C’est à dire attends-moi ! Les Européens qui prirent ces propos comme la réponse à leur interrogation, conclurent qu’ils étaient à Mankono.
Une autre source, sans remettre en cause la véracité des faits du premier récit, dit qu’avant les premiers contacts avec l’occident, l’appellation Mankono existait déjà.
En effet, les premières peuplades qui seraient les Karamoko et les Fofana, après plusieurs installations temporaires dans les encablures du cite actuel de Mankono, se seraient fixés définitivement sur conseil des oracles qui prédisaient à cet espace, abondance et prospérité.
C’est dans l’attente de cette prophétie, de ce bonheur promis, que l’endroit fût baptisé « Mankono », l’abrégé de « hèrè Mankono » qui signifie, en attendant ou dans l’attente du bonheur.
Erigé en poste administratif en 1898 puis en subdivision en 1902, c’est en 1979 que Mankono est devenu chef-lieu du département qui porte son nom.
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