La commune de Songon
La Commune de Songon est située au Sud de la Côte d’Ivoire dans le District Autonome d’Abidjan. Elle est limitée au Nord par la commune de Yopougon, à l’Est par la Commune d’Anyama, et au Sud par les départements de Jacqueville et de Dabou. Faisant partie des communes de la côtière, elle longe la lagune Ebrié à l’Ouest, avec les villages d’Audouin Beugretto et Audouin Santé, qui font frontières avec la Commune de Port-Bouët. Elle est aussi accessible par la voie routière Abidjan-Dabou.
Songon est une collection de plusieurs villages situés à l’ouest de la commune de Yopougon, en Côte d’Ivoire. Administrativement, c’est une sous-préfecture, incluse depuis 2001 dans le district d’Abidjan.
La sous-préfecture de Songon est essentiellement composée de plusieurs villages Ébriés tels que : Songon-Kassemblé ou Songon-Adjamé, Songon-Dagbé, Songon-Agban, Abiaté, Nonkouagon, Bago, Guebo, Djepote et bien d’autres. Le village de Kassemblé est le chef lieu de la sous-préfecture et est hôte de l’hôpital de Songon et de l’agence de Société de Distribution d’Eau de la Côte d’Ivoire (SODECI). Le village de Songon-Agban est le centre commercial de cette sous-préfecture.
Historique
À l’époque des migrations des peuples au sud de la Côte d’Ivoire, un grand groupe (Tchaman ou Atchan ou Ebrié) qui signifie les sélectionnés ou les élues conduit par un guerrier dénommé Amonson cherche des terres nouvelles où s’installer. Au départ, ce groupe habitait un territoire qu’il partageait avec leur frère d’Abobo. Un beau jour, le guerrier part à la chasse mais ne trouve aucun gibier avec lequel revenir. Il refuse cependant de revenir bredouille et continue sa quête. C’est alors qu’il arrive en un lieu où il voit s’étendre devant lui une vaste étendue d’eau. La tradition orale raconte qu’au départ, il eut peur de s’approcher de cette lagune mais y alla finalement tant les poissons y abondaient. Il prit quelques gros morceaux, les sécha et retourna d’où il était venu. Il raconta à tous ce qu’il avait vu et se déplaça en cette nouvelle terre avec un grand nombre d’individus. Ainsi, le premier village qu’il fonda se nommait à juste titre « Kassemblé » qui signifie en Atchan, foule indénombrable. Ce village fort et puissant livrait la guerre à tous les peuples non Atchan. Ainsi, ils repoussaient le peuple Gwa (Ngbatto) qui s’enfuit jusque dans le territoire actuellement occupé par la sous préfecture de Bingerville et d’autres s’enfuyaient dans la région d’Alépé. Bien plus tard, peut être pour des raisons politiques, une partie de la population s’en alla créer un autre village nommé Agban. La définition exacte du terme Agban ne fait pas l’unanimité. Dans le mot « Ngongban », il désigne, sur une Terre donnée, le lieu où l’on décide d’habiter et donc de créer un village. Dans le mot « Ngbangon », il désigne un terrain quelconque où l’on veut construire une case où tout simplement un habitat. Ainsi, Agban désignerait précisément ‘la Terre sur laquelle se trouve le village’ et rien de plus. Dans l’expression « Wé Phou « Gbansi » (qui signifie ‘on ferme les frontières du village’) il implique que personne n’a ni le droit d’entrer ni le droit de sortir du territoire précis qu’est le village. » Agban-to » ou « Agban-Hin » désigne en ce sens, le nord du village mais le nord du territoire où l’on vit. Pour désigner l’espace occupé par le village et par les autres terres appartenant au village, les Tchaman utilisent le mot « Ngon » ou « Agon ». En suivant la définition donnée plus haut, on déduit que les villages nommés Agban se pose en rival direct du premier village. Pour reprendre sa place, Kassemblé décide alors de se nommer « Adjèmin » qui signifie lieu principale ou centre. Ceci pour reprendre sa place centrale dans la gestion du territoire (ngon). Mais dans l’hymne du village, c’est le nom Kassemblé et non Adjèmin qui est employé. Ensuite, d’autres individus partent, une fois encore, pour créer un autre village nommé Songon Té puis Songon Dagbé (« Ada » signifie chauve souris et « gbé » siginfie groupe ou colonie). Enfin naissent Songon Mbraté (qui serait le nom d’un génie) et Songon Santè (qui a été engloutit par Dagbé). Tous ces villages ont gardé le nom Songon comme nom principal pour signifier qu’ils ont la même histoire.
Dans la tradition « Atchan » (Ébrié), les grands territoires (goto) nomment chacun de leur village selon une nomenclature précise. Il y a d’une part « Adjèmin ou Adjamé » (capitale) qui est le nom du village où se rassemblent les stratèges politiques, il y a d’autre part « Agban » qui est le lieu où se rassemblent les stratèges militaires. « Até » ou « Té » est le village où se vit la grande spiritualité. Enfin, l’on a « Santè » (révolutionnaire) qui est constitué de ceux qui croyant que l’idéologie fondamentale est bafouée sortent de force pour créer un autre village. Le territoire de Songon comptait au départ un village nommé Songon Santè mais l’histoire a voulu qu’il fédère avec Songon Dagbé pour faire de Dagbé le plus grand des villages de Songon.
Plus tard, un autre groupe arrive et veut s’installer près de Kassemblé. Les guerriers de Kassemblé viennent et tentent de s’y opposer, mais ces derniers très déterminés n’avaient point l’intention de s’en aller. Ils disaient: » Lué ba, Lué han tché djin » ce qui signifie littéralement « nous sommes là, nous y resteront». Sentant qu’ils n’avaient rien à craindre, ils les autorisent à s’installer. Le premier village que ces nouveaux venus créent est Abadjin Kouté. Dans la tradition Ébrié, lorsqu’un groupe allant à la recherche d’un nouveau territoire tombe sur un territoire propice, mais qui est déjà la propriété d’un autre groupe, soit il continue à progresser soit il décide de rester, mais alors les premiers arrivés ne les autorisent pas à créer de nombreux villages. Ils leur demandent de se mettre ensemble dans un seul village, d’où le terme « Kouté », qui signifie « chambre ou intérieur ». Finalement, Abadjin se scinde en trois villages mais les noms clés comme « Agban » ne peuvent plus être utilisé pour nommer aucun d’eux car le nom » Kouté » implique un union forte entre les membres. Ces deux autres villages seraient donc en réalité des campements devenus villages.
Un autre groupe arrivé beaucoup plus tard cherche désespérément de nouveaux territoires où s’installer. Se rendant compte qu’il n’y avait plus de territoire inoccupé, et du fait qu’il n’avait pas les moyens pour mener une guerre de territoire, ils se nomment « Adja pou » qui signifie « sans héritage ». Certains d’entre eux arrivent à se faire accepter par Kassemblé qui leur permet de créer deux villages non loin (Adjapouté et Adjapouto que les colons écrivent Adiapoté et Adiapoto). D’autres qui n’ont pas été acceptés continuent leur progression et vont fonder un autre village sur le territoire de Niangon. Une autre version voudrait que le nom originel du peuple ne soit pas Adjapou mais Djèpo (c’est ainsi que les Ebirés prononcent) qui est le nom du génie qui aurait permis à ce peuple de s’affranchir. Sachant cependant que les colons arrivés vers la fin du xvie siècle ont nommé les villages selon ceux qu’ils entendait (car ne comprenant pas la langue), on pourrait au moins se demander d’où vient le « A » en début des noms ?
Aujourd’hui, la taille du village Kassemblé de Songon se trouve être plus réduite qu’au départ.
L’un des apports des Djèpos à la tradition Ebriée est la création de la poésie (Atchô) exécutée sur la place publique et de la fête guerrière (Afatchué). Selon la tradition orale, sur le chemin qui les menait sur le territoire de Songon, les Djèpos auraient rencontré un peuple qui les empêchaient d’avancer. Ils les ont alors combattus et ont fait de certains des prisonniers. Ayant été fortement influencés par le langage utilisé et par les techniques de leurs adversaires, ils ont obligé les prisonniers à leur apprendre ce langage « codé » que très peu comprennent. Ainsi, Chaque village à un chant guerrier (Adouassan hin) dans ce langage. Autrefois, ce chant était exécuté pour inciter et encourager les individus à la guerre mais aujourd’hui il est exécuté dans le but de pérenniser la culture et la tradition.
L’apport de ce langage à la langue ébrié en a fait une langue complète. Par exemple le mot « Kôtôkô » issu de cet apport veut dire en ébrié « excellent » alors que dans la plupart des langues ou il est employé il signifie « seigneur ».
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