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Bondoukou: La première case, « témoin vivant » de l’histoire de la création

Pour le moment, la 1ère case continue à témoigner de l'histoire ancienne de la plus grande ville du Nord-Est ivoirien. Avec sa petite taille, au milieu de grandes bâtisses, elle n'a rien perdu de son caractère traditionnel. Mais, pour combien de temps encore résistera-t-elle aux méfaits de la civilisation ?

La 1ère case de Bondoukou résume à elle seule l’histoire ancienne de la ville. Elle est à la fois le point centrifuge (tout part d’elle), et la force centripète (tout revient à elle).

La maison « ancestrale » serait la propriété des Gbin, les premiers habitants. Ce peuple, animiste par essence, et aujourd’hui minoritaire en raison de l’islamisation outrancière de la ville, est le dépositaire des vieilles traditions de Bondoukou. Il habite le centre-ville, dans le sous-quartier « Gbinbèni » de Donzosso. Le gbin ou « zôrôgô », la langue originelle – qui « n’est parlée que par des initiés » – est happée par le koulango, et les langues satellites : abron, nafanan, lobi, … Les Gbins parlent aujourd’hui le koulango.

Tabri Adrê, fondateur de Bondoukou?

Dans un entretien, l’actuel chef gbin, Kouakou Yao Dabila, a relaté l’histoire de Bondoukou en partant de celle de la case. Son propriétaire est Tabri Adrê, « qui n’a jamais dit à ses enfants d’où il est venu pour fonder Bondoukou ». Avec le temps, cette maison a revêtu un caractère sacré, et fait objet de culte. Les Gbins n’y entrent qu’une fois dans l’année. Pour y faire des sacrifices, à une date gardée secrète. Mais on parle du 25 décembre de chaque année. Ce sacrifice annuel a pour but d’épargner la ville des malheurs de tous ordres.

Bien que « Bondoukou » soit le vocable sous lequel on désigne la capitale du Nord-Est de Côte d’Ivoire, le village fondé par Tabri Adrê ne portait pas ce nom, à l’origine.

Le nom « Goutougo » – pour désigner Bondoukou dans les langues du terroir – est, selon Yao Dabila, une déformation phonétique de « gon tou go ». Littéralement, « le meilleur est à venir ». Le fondateur aurait prononcé cette phrase en réponse à ses fils qui lui ont demandé d’abandonner la case pour s’installer ailleurs.

Pour les Gbin, ce qu’est devenu Bondoukou donne raison à leur ancêtre Tabri Adrê. En disant « gon tou go », la petite case est devenue un campement. Puis un village. Ensuite une ville qui s’étend à perte de vue.

La 1ère maison de Bondoukou manque d’entretien. D’après le chef de la minorité gbin, toutes les promesses de protection faites par le ministère de la Culture et les autorités de la ville sont restées lettres mortes.

À noter que les avis divergent sur le nom du « vrai » fondateur de Bondoukou. Les Nafanan revendiquent la paternité de la ville aux « mille mosquées ».

OSSÈNE OUATTARA – infoduzanzan.com

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