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L’Abissa, lieu de repentance et de réconciliation

La nouvelle année a commencé depuis dimanche pour le peuple N'zima (ou N'Zema) Kotoko de Grand-Bassam avec la fin de l'Abissa, une fête de réjouissance populaire et également un forum de réconciliation pour ce peuple.

Pour l’édition 2006 qui s’est ouverte le 28 octobre, les N’Zima de Côte d’Ivoire ont décidé de jouer à fond la carte de la repentance et de la réconciliation à travers ce traditionnel forum social au cours duquel toutes les fautes commises, même celles du Roi, sont dénoncées publiquement et expiées.

Lieu de socialisation, l' »Abissa » est une plage offerte à tous ceux qui ont commis de fautes graves de se repentir publiquement afin d’obtenir le pardon du peuple. Les bonnes oeuvres étant aussi mises à nu publiquement, les fils et filles N’Zima exemplaires sont honorés solennellement. Tout cela se passe dans la convivialité et la démocratie. C’est un grand moment de libération de la parole sans risque de châtiments.

L' »Abissa » constitue également une occasion unique de retrouvailles annuelles des sept familles composant la communauté N’Zima, communément appelée Appolo, dirigée par son Altesse royale Amon Tanoé Désiré. Les familles profitent de ces grandes rencontres autour du Roi et du tam-tam « Edo n’gbolé » pour formuler des voeux afin d’inciter la notabilité à mieux gérer les affaires de la communauté.

Ces festivités annoncent la fin d’une année et le début d’une autre. Ainsi chaque année, au mois de novembre, durant une semaine, les N’Zema se retrouvent pour sacrifier au rituel. Elles se déroulent dans un esprit d’union, d’entente et de paix. Durant cette période, tout individu issu d’une des sept familles, notamment les N’Vavilé, les Mafole, les Allôwoba, les N’Djaoufo, doit se débarrasser de toute haine et rancoeur pour se laisser emporter par la gaieté.

L' »Abissa » consolide les liens entre les vivants et les morts, mais également permet de renouveler l’alliance du peuple N’Zima avec « Afoantchè », génie ayant transmis cette danse au peuple. C’est une danse sacrée de purification qui se déroule en trois étapes: le Siedu, le Gouazo et le Ewudolé, dit-on.

Le Siedu ou la retraite du tam-tam « Edo-n’gbolé » représente la première étape fondamentale de cette manifestation de haute portée culturelle, mais surtout la phase mystique de la cérémonie. Cette retraite a lieu une semaine avant la cérémonie officielle de l' »Abissa ». Elle débute avec le respect de tous les interdits. Aucun autre tam-tam ne doit résonner, tous les féticheurs s’abstiennent de toutes pratiques. En cas de décès, la famille éplorée doit s’efforcer de contenir ses larmes. Les funérailles n’auront lieu qu’après la fête, aucun enterrement n’étant autorisé pendant la période. Le non respect de ces interdits expose les récalcitrants au châtiment du génie « Afoantchè ». Ces derniers sont appelés à mourir avant le prochain « Abissa », souligne-t-on.

Le Gouazo ou la sortie de l' »Abissa » a lieu huit jours après le Siedu. Cette étape témoigne de la reconnaissance du droit de propriété de « l’Abissa » à la grande famille N’Vavilé, dépositaire de la danse. Les anciens offrent de la boisson à cette famille afin d’obtenir sa permission et ses bénédictions pour un bon déroulement de la fête, note-on.

Le Ewudolé marque l’apothéose de « l’Abissa ». C’est l’étape de la grande réjouissance carnavalesque où l’on découvre des déguisements de tout genre; notamment des hommes travestis, des personnes masquées qui dansent tous au rythme de la fanfare.

Le Roi Amon Tanoé Désiré a fait un appel du pied aux politiciens faisant remarquer que « le pouvoir, c’est bon, mais la Côte c’est mieux. »

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