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Les formes de mariage chez les sénoufo

Le mariage chez les sénoufo comme dans bien d'autres sociétés a plusieurs formes. Nous pouvons en distinguer 5 : la mise à part, le mariage honorifique, le mariage par amitié, le rapt et le lévirat.

1 – La mise à part
Cette forme de mariage consiste à se réserver une fille dès son jeune âge ou même avant sa naissance. Le terme est pôrô et signifie apprivoiser, élever. Cela est différent des fiançailles car bien souvent le futur mari est indéterminé.

Le chef de famille réserve la fille sans savoir à qui elle est destinée. Quand elle sera grande, il voit parmi ses enfants qui a besoin de se marier ou qui doit être marié. Il est à noter que dans le milieu sénoufo, c’est un devoir pour le père que de trouver une femme pour son fils. Alors en prévision, le chef de famille doit chercher dans les familles amies ou à toutes occasions à assurer ce devoir en se réservant très tôt des filles pour pourvoir au mariage des garçons de la famille. C’est ainsi que un chef de famille peut dire à une femme enceinte : si c’est une fille elle sera ma femme et si c’est un garçon il sera mon ami. Les démarches de mise à part diffèrent d’une zone à l’autre; mais de façon générale, elles se concluent par un cauri ou un fil attaché à la main ou aux reins de la petite fille que l’on se réserve. Dès lors que les membres de la famille consentent à laisser le cauri ou le fil attaché à leur fillette, c’est qu’ils sont d’accord pour la donner plus tard en mariage au chef de famille qui a exprimé son désir de la réserver pour mariage. Celui-ci devra alors confirmer souvent son intention en apportant quelques cadeaux pour la fillette jusqu’à ce qu’elle atteigne l’âge de la puberté.

2 – Le mariage honorifique
Pour porter une marque de respect ou en signe de reconnaissance à une personne, un chef de famille peut lui donner sa fille pour mariage. C’est ainsi que des gens pour leur bravoure ou leur rang social se voient gratifiés d’une jeune fille.

3 – Le mariage par amitié
Il ne s’agit pas de l’amitié entre les futurs mariés, mais de l’amitié entre deux familles. Pour les liens d’amitié ou les liens de parenté ou des liens d’anciens mariages, une famille consent à donner en mariage une fille à une autre famille amie. Dans certains cas, la belle famille demande en retour une fille de la grande famille du gendre; ce mariage se passe alors de toute autre forme d’aide requise pour un mariage ordinaire.

4 – Le rapt
C’est un mariage qui consiste à enlever une fille pour mariage sans un accord formel des membres de sa grande famille. Il ne s’agit pas d’une séquestration où la fille n’est pas consentante. Bien souvent, beaucoup de mariages par rapt sont l’aboutissement d’un amour caché entre une jeune fille et un jeune garçon qui n’ont pas l’assentiment des parents pour se marier. Le mariage en milieu sénoufo étant une affaire entre deux familles, sa célébration n’est possible qu’avec l’accord des chefs des familles respectives. C’est alors que des mères sont souvent complices pour le rapt de leur fille par le jeune homme du choix de leur fille. Celui-ci se verra obligé de quitter le village pour aller vivre ailleurs avec sa dulcinée le temps d’avoir quelques enfants qui sont le signe d’une consommation du lien de mariage. Les deux familles mises devant le fait accompli, finissent pour la plus part, par accepter le mariage.

5 – Le lévirat
Selon la coutume, l’épouse d’un défunt revient de droit à un de ses petits frères. Il est à noter que ceci n’est pas une obligation pour l’homme, mais pour la femme si le frère de son époux défunt manifeste sa volonté de l’épouser. Le frère intéressé devra néanmoins attendre que le temps du veuvage soit terminé avant de prendre la femme. Au cas où aucun frère n’est intéressé, la femme est libre de se remarier dans une autre famille ou de rester dans la grande famille qui pourvoit dans ce cas à ses besoins. Si elle décide de rester dans la famille, elle vit librement sa sexualité, mais tout enfant né dans ce cadre appartient à son mari défunt. Il est à noter que tous les frères du mari défunt nés après l’arrivée de la femme ne peuvent prétendre au lévirat.

© Centre de recherche pour la sauvegarde de la culture Sénoufo.

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