×

Travail du métal – Cuivre, bronze, or en pays baoulé

Le travail de l'orfèvrerie est toujours très estimé en pays baoulé. Les Baoulé ont conservé certaines techniques ashanti, en particulier celle de la fonte des métaux à la cire perdue dont ils ont progressivement perfectionné le procédé. C'est à cette technique qu'on doit la très grande variété des poids à peser l'or.

La poudre d’or et les bijoux anciens en or (trésors hérités de génération en génération) font encore aujourd’hui l’objet d’une thésaurisation familiale. Certains échanges, malgré la monnaie actuelle, continuent à se faire avec de la poudre d’or. Chaque famille possédait un ensemble de poids (dja) comprenant le système des poids et tous les accessoires (petite balance, boîtes en cuivre aux couvercles décorés, petites cuillères en cuivre martelé, passoires).

La teneur en or pur de l’alliage réalisé pour la fabrication des bijoux varie d’une région à l’autre. La couleur elle même est très différente puisqu’elle va du jaune pur à un jaune gris ou légèrement rosé dû à une dose irrégulière de cuivre (ou d’argent) et de laiton. Tous les objets d’or fondu à la cire perdue sont des bijoux, les bijoux traditionnels des Baoulé étaient des attributs royaux et des ornements de cérémonie portés par l’entourage du roi : pendentifs portésaucou ou sur la poitrine les jours de fêtes, appliques frontales, masques pendentifs aux visages humains extrêmement variés ou masques de bélier aux cornes recourbées vers le bas (comme un croissant lunaire), pendentifs figurant un poisson, un crocodile, une tortue (symbole de fertilité et de fécondité), etc.

Les pendentifs, en forme de disques, ont la taille d’une grosse pièce de monnaie. Ils sont réunis à l’aide d’un cordonnet passé à l’intérieur d’un petit tube placé au centre du motif. On peut former ainsi des colliers mais aussi des bracelets, des chevillières.

Les fils d’or très fins s’enroulent en spirale pour former le fond sur lequel on ajoute des motifs traditionnels (trèfle, rosace, croissant de lune, spirale, étoiles, chevron, losange) qui se combinent entre eux pour composer de nouveaux dessins.

Cette gamme de motifs se retrouve sur les poids géométriques à peser l’or, et aussi sur les sièges des ancêtres recouverts d’or, d’argent ou de cuivre, sur les étoffes imprimées, les armes, et les kuduo, sorte de récipients en bronze associés aux cultes privés des familles, ornés de figures en ronde bosse, et de décorations géométriques gravées ou en relief.

Le couvercle est surmonté d’un groupe de figurines, un jeu comparable à celui des poids proverbes.

De nombreux autres récipients en cuivre martelé servent également à recevoir des préparations rituelles.

Le moule dans lequel est coulé l’or est obtenu à partir d’un modelage à la cire d’abeille, mais parfois, lorsqu’il s’agit d’un insecte, d’un lézard, d’un poisson, d’un scarabée, d’un scorpion, l’animal lui même peut servir de moule. Les plaques sont dites « porteur d’âme » parce qu’elles sont portées seulement par un membre de la famille censée être le porteur de l’âme du roi. Elles sont souvent décorées de motifs à plat ou en relief, représentant des animaux stylisés : crocodiles, poissons, oiseaux.

Les plaques rectangulaires étaient portées par les princes et les princesses de sang royal.

Beaucoup de ces bijoux anciens sont refaits pour un usage plus commercial que cérémoniel. On peut découvrir des bijoux anciens conservés dans les trésors que possèdent encore certaines familles de chef, comme le trésor baoulé de Sakassou, le trésor du roi à Bondoukou. Malheureusement, on trouve surtout des copies, les originaux ayant été vendus il y a quelques années. L’argent est peu travaillé par les Baoulé. établis dans les villes comme Bouaké, ou dans la capitale, les bijoutiers créent pour les femmes « émancipées » des colliers, des bagues et des boucles d’oreilles d’inspiration européenne ou orientale. Certains sont de formes très modernes, réalisés toujours avec la technique de la cire perdue, mais beaucoup se limitent à la copie hâtive de bijoux anciens, pour répondre à la demande des touristes.

On trouve de très beaux bijoux en or, aux dessins très fins, dans de nombreux villages autour de Bouaké (Assabourou, Kongonou, Tiébissou) : bagues aux riches chatons (caméléon, tortue), colliers de perles en or formés de légères sphères ajourées, ou en forme de losange, rectangle, réalisés avec des petits cercles assemblés les uns aux autres, boucles d’oreilles, boîtes à amulettes en or martelé et repoussé.

La sculpture sur bois est quelquefois réalisée par des bijoutiers lorsqu’il s’agit de revêtir la pièce d’un placage en feuilles d’or, agrafées au bois (cannes de parade, chasse mouches, siège, statue, épée, sommet de parasol, couteau, etc.). Les villages de Bakro, Sakassou, Minabo, sont réputés pour ce travail délicat.

Il est possible de grouper les poids à peser l’or en deux grandes catégories :
– les poids géométriques comprenant des motifs variés du swastika (symbole de la rotation astrale), de losanges, de spirales, de croix grecques, de trapèzes, de carrés, de pyramides à gradins, de croissants lunaires, etc.
– les poids proverbes, figuration d’homme, d’animaux, de végétaux et d’objets.
On y trouve la figuration de presque tous les objets usuels de l’artisanat : couteau, hache, louche, calebasse, tabouret, corbeille, chaise à dossier, instrument de musique, herminette, etc. C’est véritablement toute la vie baoulé en miniature que l’on peut recréer grâce à la diversité de tous ces poids. Chaque poids correspond à un dicton populaire, chaque scène animée possède une signification précise. On y trouve des sujets complets de la vie de la famille, comme une femme soignant son enfant ou un bébé sur une chaise à dossier, ou de la vie religieuse, scène de danse, joueur d’olifant, batteur du grand tambour de communication, etc.

Signification de quelques poids proverbes

– Tambour : « La peau de l’antilope qui ne suit pas sa mère finit toujours sur le tambour. »
– Serpent en train d’avaler un crapaud : « Tout ce que possède le crapaud, même sa vie, appartient au serpent. »
– Crocodile : « Quand on est au milieu du fleuve, on n’injurie pas le crocodile. »
– Couple de poissons se mordant la queue : « De père en fils, tout recommence. »
– Caméléon : «Aller vite a ses avantages, aller doucement a également ses avantages»
– Antilope cheval aux longues cornes annelées qui rejoignent sa queue « Ah 1 si j’avais su ce qui se passait dans mon dos! Mais les regrets sont inutiles, doit on ajouter, »
– Poule « C’est par politesse qu’avant de pénétrer dans la maison je baisse la tête. »
– Tête de bélier : « Ma force est dans mes cornes. »
– Personnage allongé : « Comment veux tu voir le soleil si tu restes couché sur le ventre. »
– Vieillard barbu, couché : « On n’enterre pas les mourants, mais les morts. »

Source: Aide et Action – Ethnies africaines

Les derniers articles

  • Les Ehotilé ou Bétibé

    A travers les Sous-Préfectures d'Adiaké (Adiaké, Assomlan, Eplemlan, Etuessika, N'Galiwa, Mélékoukro, Adiaké-Kakoukro...) et d'Etuéboué (Abiaty,…

  • Le mariage Malinké

    Le mariage reste un événement central dans la reproduction des structures familiales en pays Malinké.…

  • Les Niaboua ou Nyabwa

    Des révélations de M. Alfred Schwartz (cet européen anciennement au Centre ORSTOM-Sciences humaines de Petit-Bassam),…