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L’histoire de la Côte d’Ivoire

Rares sont les informations concernant l'histoire de la Côte-d'Ivoire avant que les Européens ne prennent part au commerce de l'ivoire et à la traite des esclaves. On sait que le pays a été peuplé par vagues successives, depuis le paléolitique.

Les premiers textes, dus aux explorateurs européens de la côte, au XVe siècle, ont décrit les mouvements de populations de cette époque. à cette époque, le nord de l’actuel territoire était traversé par les circuits commerciaux transsahariens: Bondoukou et Kong furent les premiers marchés localisés au bord de la forêt sur la route reliant le pays achanti au Niger. On sait que ces mouvements se sont accélérés au moment de la constitution des grands empires du Ghana, du Mali et du Songhay, et se sont poursuivis jusqu’au XVIIIe siècle, donnant au pays sa configuration ethnique actuelle: les peuples lagunaires le long de la côte; les Mandés au nord et à l’ouest; les Sénoufos au nord; les Krus à l’ouest; les Akans à l’est; les Gurs au nord-ouest.

En 1710, les Mandés-Dioulas, musulmans, édifièrent un immense état à Kong, dans le nord de la Côte-d’Ivoire. Celui-ci ne dura que le temps de son créateur, Sékou Ouattara, et entra en déclin dès sa mort, vers 1745. D’autres royaumes, très nombreux, ont marqué l’histoire de la Côte-d’Ivoire, qui bénéficiait d’une économie dynamique, fondée sur le commerce de l’or, du sel et de la cola, connecté au commerce transsaharien.

L’arrivée des Européens
Entre le XVe et le XVIIe siècle, les Européens explorèrent les côtes: la côte du Grain, la côte des Dents et la côte des Quaquas. Les premiers arrivés furent les Portugais, sous l’impulsion du roi Henri le Navigateur, vers 1470. Ils donnèrent à plusieurs villes et fleuves les noms que nous leur connaissons aujourd’hui: Sassandra, San Pedro, Fresco… Au XVIIe siècle, les Hollandais puis les Anglais atteignirent à leur tour la Côte-d’Ivoire (les Français s’intéressaient alors peu à cette côte, où ils se contentèrent de conclure des traités d’amitié avec les populations agnis du littoral et d’installer quelques missions) et, profitant du déclin portugais, prirent pied dans la région. Les Européens installèrent peu de comptoirs sur la côte: les échanges s’effectuaient pour la plupart en mer, les caravelles servant de comptoirs flottants. Commença alors une période de concurrence et d’affrontement larvé pour prendre le contrôle du commerce côtier. Celui-ci portait sur les épices, l’ivoire (qui valut son nom au pays), les étoffes de coton, l’or et, surtout à partir de la fin du XVIe siècle, les esclaves. Le trafic négrier, dans un premier temps orchestré par les Hollandais, remonte au début du XVIIe siècle; ce fléau, qui ravagea l’Afrique pendant près de trois siècles, engendra non seulement le dépeuplement de régions entières, mais il laissa en héritage des haines tribales qui déchirent encore les états africains modernes : hésitant à s’aventurer eux-mêmes dans l’intérieur du continent, les Européens préféraient s’en remettre pour la capture des esclaves à des tribus vivant sur les côtes.

à la fin du XVIIe siècle, des tribus akans du Ghana, les Agnis, émigrèrent vers la Côte-d’Ivoire pour fuir les chasseurs d’esclaves. Les derniers Akans à émigrer furent les Baoulés, qui prirent une place importante dans le centre du pays, et dont le royaume, sous le gouvernement de la reine Abla Pokou, puis de sa nièce Akoua Boni, étendit loin son influence.

Du XVIIe au XIXe siècle, les Français prirent progressivement le contrôle de la région. En 1687, l’officier de marine Jean-Baptiste Ducasse, directeur de la Compagnie du Sénégal, installa six de ses compagnons à Assinie et proposa au souverain de la région d’emmener deux jeunes Ivoiriens en France: c’est ainsi que deux jeunes princes assiniens, Aniaba et Banga, furent élevés à la cour de Louis XIV, où ils furent baptisés par Bossuet. à partir des années 1830, les Français et les Britanniques rivalisèrent dans la région pour signer avec les chefs des différentes tribus des contrats leur assurant le monopole du commerce de l’ivoire, de l’or ou de l’huile de palme. En 1842-1843, les Français installèrent des comptoirs à Assinie et à Grand-Bassam; en 1853, ils édifièrent le fort de Dabou. Les Français signèrent des traités d’«amitié» avec les souverains et les chefs ivoiriens pour élargir leur implantation; le premier de ces traités, signé en 1843 avec Amon N’Douffou II, puissant souverain du Sanwi, royaume agni du Sud-Est, plaça le «territoire», non délimité ni même exploré, sous la protection du roi Louis-Philippe. Plusieurs explorateurs parcoururent alors l’arrière-pays, demeuré jusque-là hors de portée des Européens. Le négociant français Arthur Verdier introduisit la culture du café dans les années 1870. En 1882, l’officier français Louis Gustave Binger (qui deviendra le premier gouverneur de la colonie) fonda la compagnie de Kong pour gérer les plantations de café. Après la conclusion d’un partage des zones d’influence entre la France et la Grande-Bretagne, en 1884, Marcel Treich-Laplène, un agent de Verdier, remonta vers le Nord, reconnaissant le cours de la Comoé, et atteignit Bondoukou, puis Kong (1888), après avoir signé en chemin des traités avec les Bettiés, les Agnis et les Abrons. Il fallut toutefois attendre 1889 pour que le pays soit totalement reconnu, au terme d’une expédition de 4 000 km menée depuis le Sénégal par Binger; parti de Bamako deux ans plus tôt, celui-ci fit la jonction avec Treich-Laplène à Kong, puis les deux hommes redescendirent ensemble jusqu’à Grand-Bassam, qu’ils atteignirent en mars 1889.

Parallèlement, les sociétés de la Côte-d’Ivoire poursuivaient leur évolution propre. Le XIXe siècle fut une période d’intense renouveau politique. Les sociétés lignagères nouèrent des alliances pour se lier en confédérations locales et régionales. Le royaume abron, vassal des Ashantis depuis 1740, recouvra son indépendance en 1875 et étendit son influence sur les régions voisines. à partir de 1830, des conquérants constituèrent de nouvelles entités politiques. Le plus célèbre d’entre eux fut le Malinké Samory Touré, qui, après avoir été chassé par les Français du haut Niger en 1892, se replia en Côte-d’Ivoire. Il établit alors sa domination sur les Sénoufos, puis sur les Lobis, conquérant ainsi un nouvel empire allant d’Odienné à Bouna, et incluant le pays sénoufo, le royaume de Kong, le Bouna, le Koulango, le Gyaman, etc. En 1892, inquiets de cette nouvelle puissance qui se développait dans le Nord du pays, les Français envoyèrent une expédition pour capturer Samory; une colonne, dirigée par le capitaine Ménard, fut massacrée à Séguela.

La période coloniale
Le décret du 10 mars 1893 érigea la Côte-d’Ivoire en colonie française et en délimita les frontières. Binger en fut le premier gouverneur. Les Français se heurtèrent à la résistance farouche des populations, qui utilisèrent les tactiques de la guérilla; les foyers d’opposition furent réprimés de manière brutale et les différentes régions de la Côte-d’Ivoire ne furent conquises qu’une à une. La France dut même avoir recours à l’aide britannique pour anéantir le nouvel empire de Samory Touré, qui ne fut vaincu qu’en 1898 et déporté au Gabon, où il mourut en 1900. Les principaux chefs de la résistance furent tués ou déportés. à partir de 1908, le gouverneur Angoulvant élabora un plan de «pacification» définitive. La supériorité en armes des Français explique leur victoire. Active jusque vers 1915, comme lors de la révolte des Abbés en 1910, la résistance des populations devint passive par la suite (refus de payer l’impôt, sabotage des cultures obligatoires, fuite de villages entiers à l’extérieur de la colonie…).

En 1900, les frontières de la Côte-d’Ivoire étaient proches du tracé actuel, hormis dans le Nord, auquel fut intégrée la haute Côte-d’Ivoire. En 1905, les Français rattachèrent la Côte-d’Ivoire à l’A-OF. Ils choisirent successivement Grand-Bassam jusqu’en 1900, Bingerville jusqu’en 1934, puis Abidjan comme chef-lieu de la colonie. La France commença également la « mise en valeur économique » du pays, qui fut confiée à de grandes compagnies comme la SCOA, la CFAO et les établissements Peyrissac. Les colons aménagèrent la côte (Port-Bouêt, Grand-Bassam), construisirent des wharfs et développèrent quelques infrastructures routières et médicales, en particulier dans le sud-est du pays; ils favorisèrent la mise en place d’une agriculture d’exportation basée dans les premiers temps sur l’huile de palme et le caoutchouc. L’Ouest (dont la population est principalement bété) et le Nord furent par contre négligés par les administrateurs français. L’originalité de la colonie, qui ne fut totalement pacifiée qu’en 1915, résida dans l’apparition d’un important groupe de planteurs africains qui développèrent, dès les années 1920, la culture du cacao. De nombreux exploitants agnis possédaient des plantations de plusieurs dizaines d’hectares, sur lesquelles ils employaient des travailleurs issus d’autres ethnies. Dès la fin des années 1920, les premières associations de planteurs s’organisèrent. à la collecte des produits de la cueillette (huile de palme, cola, bois, caoutchouc) succéda, dans les années 1930, une économie de plantations, européennes mais aussi « indigènes », dont les productions majeures étaient déjà le café et le cacao. Dès le début du XXe siècle, grâce aux financements dégagés par l’impôt et grâce au travail forcé, les Français avaient construit les infrastructures de communication nécessaires à l’évacuation des produits vers la côte: réseaux ferré et routier. Ces investissements se poursuivirent jusque dans les années 1950: le port d’Abidjan ne fut achevé qu’en 1952.
Au cours des deux guerres mondiales, les Français mirent abondamment à contribution leurs colonies: ils recrutèrent un grand nombre de soldats en Côte-d’Ivoire, accrurent le travail forcé et exigèrent la fourniture gratuite de certains produits comme l’huile de palme et le caoutchouc. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la pression économique et le durcissement du régime provoquèrent le mécontentement croissant de la population et la montée du nationalisme.

Vers l’indépendance
Après la Seconde Guerre mondiale, l’économie de plantation s’étendit à l’ensemble du territoire forestier; de nouvelles ethnies, tels les Baoulés et les Dioulas, s’y adonnèrent. En 1945, pour la première fois, la Côte-d’Ivoire participa aux élections françaises. Le Baoulé Félix Houphouët-Boigny, qui dès 1932 avait pris la présidence d’un syndicat de planteurs de cacao ? le Syndicat agricole africain (SAA) ? embrassa sans tarder une carrière politique. Lors de l’élection d’une commission municipale pour Abidjan en 1945, il fut élu à la tête d’une liste exclusivement constituée d’Africains. Dans le cadre de la politique de libéralisation du régime colonial, la France, en 1945, accorda aux «sujets» ivoiriens le droit de désigner leurs représentants à l’Assemblée nationale; Houphouët-Boigny y fut élu, et siégea au côté du Sénégalais Léopold Sédar Senghor. D’autres hommes, tel Ouezzin Coulibaly, se joignirent à la lutte politique contre les abus de la colonisation. à cette fin, ils s’appuyèrent sur l’action des mouvements syndicaux et sur les partis politiques français, avant de créer leurs propres partis. Dès 1945, le SAA et les «groupes d’études communistes» fusionnèrent pour former le Parti démocratique de Côte-d’Ivoire (PDCI), section ivoirienne du Rassemblement démocratique africain (RDA).

à ses débuts, le PDCI était favorable à la création d’une fédération franco-africaine regroupant les différents peuples de l’A-OF; il devint rapidement l’un des partis les plus influents du Rassemblement démocratique africain (RDA), fédération panafricaine constituée au congrès de Bamako, en octobre 1946, sous la présidence de Félix Houphouët-Boigny. L’action des dirigeants nationalistes en France et celle des populations en Côte-d’Ivoire contribuèrent de manière déterminante à la marche vers l’indépendance. De 1946 à 1950, le RDA s’allia au Parti communiste français, le plus opposé à la colonisation, et dut faire face à la répression de l’administration coloniale. Le 6 février 1949, à la suite d’une manifestation à Treichville, faubourg d’Abidjan, les dirigeants du PDCI furent arrêtés: un groupe de femmes organisa alors une grande marche sur Grand-Bassam, où se trouvaient les prisons. En 1952, le Code du travail d’outre-mer accorda aux Africains les mêmes droits qu’aux travailleurs français (congés payés, allocations familiales, travail hebdomadaire de 40 heures). Dans les années 1950, l’alliance PDCI-RDA redéfinit ses orientations : ce fut le «repli tactique» (coopération avec la France, rejet de la solution révolutionnaire, négation de la lutte des classes, soutien à l’initiative privée, locale et étrangère). Félix Houphouët-Boigny devint ministre du gouvernement français (1956-1959), puis président du grand conseil de l’A-OF (1957).

Houphouët-Boigny devint alors le chef charismatique et populaire qu’il est resté longtemps: ministre du gouvernement français, il attacha son nom à la loi qui supprima le travail forcé en Afrique et collabora à l’élaboration de la loi-cadre de 1956 qui donna aux Ivoiriens le suffrage universel et le pouvoir exécutif aux assemblées territoriales, jusqu’alors dominées par le gouverneur. Aux élections de 1957, le PDCI remporta une victoire complète qui élimina de la scène politique tous les partis ou groupes suscités par l’administration coloniale. La Constitution française de 1958, enfin, transforma l’Union française en une « Communauté française » et fit de la Côte-d’Ivoire un territoire autonome, non encore indépendant. Soumis à référendum, le projet recueillit 99,9 % d’avis favorables en Côte-d’Ivoire. L’assemblée territoriale s’érigea aussitôt en Assemblée constituante (4 décembre 1958) et, dès le début de l’année suivante, proclama la République de Côte-d’Ivoire. Celle-ci devint un état souverain le 7 août 1960. Le 27 novembre 1960, le PDCI remporta largement les élections législatives et présidentielles, et Houphouët-Boigny devint président de la République.

La Côte d’Ivoire contemporaine
La «baoulisation» de la société
Certains observateurs n’ont pas hésité à qualifier de «baoulisation» l’époque de l’extension de l’économie de plantation. On observe même une concordance, à partir des années 1940, entre l’essor démographique de l’ethnie de Félix Houphouët-Boigny et la place de plus en plus importante qu’occupaient les Baoulés dans l’économie: planteurs dans le Sud-Ouest, artisans ou commerçants en ville, ils étaient présents sur l’ensemble du territoire. D’autres ethnies, se sentant lésées, tentèrent de se défendre en faisant resurgir les particularismes locaux. Ce fut le cas des Agnis au début du siècle (le pays agni fut longtemps le pôle économique dominant pendant l’épisode colonial). Les Bétés, marginalisés par les colons français ? pour qui le Sud-Ouest était plus un réservoir de main-d’oeuvre qu’une région à mettre en valeur ?, puis par le pouvoir baoulé, s’opposèrent fréquemment à Houphouët-Boigny, par exemple en créant un syndicat pour contrer le SAA: la Mutualité bété, qui deviendra l’Union des originaires des six cercles de l’Ouest ivoirien. En 1957, ils se présentèrent contre le PDCI sous la bannière du Mouvement socialiste africain (MSA). En 1970, une rébellion bété à Gagnoa fut très durement réprimée. Au contraire des Bétés, les gens du Nord, en particulier les Dioulas et les Sénoufos, ont par leurs migrations participé au grand brassage ethnique préconisé par Houphouët-Boigny. En 1983, la capitale fut transférée à Yamoussoukro, la ville natale du président, où celui-ci fit édifier une immense basilique, à l’image de celle de Saint-Pierre de Rome; elle fut consacrée par le pape Jean-Paul II en 1990.

Dans les années 1960, le président Félix Houphouët-Boigny renforça son pouvoir en s’appuyant sur le PDCI, devenu parti unique, et en écartant un à un ses successeurs potentiels. Dans les années 1970, la Côte-d’Ivoire connut une telle croissance économique qu’on a pu parler de « miracle ivoirien ». Ce progrès fut marqué par la hausse des exportations de cacao (un tiers de la production mondiale) et de café, et par un début d’industrialisation. Le pays se trouvait néanmoins confronté à des difficultés politiques: tentatives de coup d’état, troubles sociaux et contestation étudiante… Les années 1980 virent le régime s’ouvrir partiellement. Mais la crise économique provoquée par la baisse des cours mondiaux du café et du cacao (entre 1986 et 1990, le prix du cacao payé à l’exploitant passa de 400 à 200 FCFA) amena la Côte-d’Ivoire à suspendre le remboursement de sa dette en 1987.

Au début des années 1990, la pression de l’opposition sur le pouvoir s’accentua. Le régime dut instaurer le multipartisme. L’opposition, dirigée par l’historien Laurent Gbagbo, député du FPI (Front populaire ivoirien), fut néanmoins battue aux élections présidentielles de 1990. La même année, Félix Houphouët-Boigny nomma Alassane Ouattara au poste de Premier ministre et prépara sa succession en faisant amender la Constitution: en cas de vacance du pouvoir, le président de l’Assemblée nationale devait achever le mandat présidentiel en cours. Félix Houphouët-Boigny décéda le 7 décembre 1993, après 33 années de pouvoir. Après avoir assuré l’intérim, le président de l’Assemblée nationale, Henri Konan Bédié, fut élu président le 22 octobre 1995 avec 62 % des voix.

Les incertitudes
Si, depuis l’introduction du multipartisme au début des années 1990, une quarantaine de partis occupent la scène politique, la démocratie ivoirienne n’en demeure pas moins fragile et, pour le moins, «surveillée»; ainsi Laurent Gbagbo fut-il arrêté et condamné à deux ans de prison, en février 1992, pour avoir participé à une manifestation. Depuis la brutale répression de leur mouvement de 1991 (le «printemps de la contestation»), les étudiants sont également malmenés par un pouvoir qui a bien du mal à trouver un nouveau souffle. Dans le même temps, les trois grands créanciers du pays ? le FMI, la Banque mondiale et la France (Caisse centrale de coopération économique) ? tentent d’obtenir un assainissement d’une économie en crise; le redressement passe le plus souvent par des mesures impopulaires, comme la dévaluation de 50 % du franc CFA, imposée en 1994, les compressions opérées dans un service public hypertrophié, et la privatisation à outrance. C’est pourtant un climat économique favorable (reprise de la croissance, modération de l’inflation) qui a accueilli la victoire d’Henri Konan Bédié à l’élection présidentielle de 1995, boycottée par les partis d’opposition en raison des «précautions» prises par le président sortant pour s’assurer de sa réélection (retrait du Code électoral, interdiction des manifestations).

Contre toute attente, le 24 décembre 1999, le président Henri Konan Bédié est destitué, après vingt-quatre heures de mutinerie, au profit du général Robert Gueï, ancien chef d’état-major.

Tandis que le chef de l’état déchu trouve dans un premier temps refuge au Togo, le nouveau dirigeant de la Côte-d’Ivoire annonce, le 15 janvier 2000, la constitution d’un gouvernement de transition comprenant vingt-quatre ministres, en majorité civils et représentant les principaux partis ivoiriens. Les militaires occupent néanmoins les ministères clés (Défense, Sécurité, Infrastructures et Transports, Jeunesse et Sports). Par ailleurs, la formation du gouvernement met au jour les rivalités opposant les deux principaux dirigeants politiques, le libéral Alassane Ouattara (représentant du Rassemblement des républicains et principal opposant à l’ancien chef de l’état, autorisé par le nouveau régime à rentrer en Côte-d’Ivoire) et le socialiste Laurent Gbagbo, dirigeant du Front populaire ivoirien (FPI), tous deux candidats potentiels à l’élection présidentielle promise par le général Gueï. Enfin, le nouveau régime pose comme condition préalable à l’organisation de ce scrutin, la mise en place d’un «conseil consultatif» chargé de préparer un nouveau Code électoral ainsi qu’une nouvelle Constitution, dont le projet sera soumis à référendum. Parallèlement, une grande opération Mains propres visant plusieurs personnalités de l’ancien régime, toutes accusées d’avoir vidées les caisses de l’état, est lancée. Inculpées de «détournement de fonds publics», elles tombent parfois sous le coup d’un mandat d’arrêt international comme c’est notamment le cas pour l’ancien président Bédié et son ministre des Finances, exilés depuis en France. Les élections présidentielles qui se sont tenues en octobre donnent la victoire à Laurent Gbagbo. Cependant, le résultat du scrutin est mis en doute par ses adversaires et une série d’affrontements meurtriers se produisent dans le pays, tandis que le général Gueï échoue dans une tentative de putsch. Malgré les contestations, Gbagbo procède à la nomination d’Affi NGuessan à la tête du nouveau gouvernement.

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