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Le génocide des Baoulés

En Côte d’Ivoire, les premières missions françaises en pays Baoulé furent lancées par deux expéditions:

– l’une, militaire, dirigée par les lieutenants Armand et de Tavernost, en février 1881;
– l’autre, commerciale dirigée par Voituret et Papillon en mars 1891.

Décidé à arrêter cette pénétration, le chef des Baoulé de Tiassalé (ETIEN KOMENAN), refusa de fournir à ARMAND et à de TAVERNOST un interprète pour les accompagner à l’intérieur du pays, ce qui les obligea rebrousser chemin sur la côte. Pendant ce temps, ETIEN KOMENAN faisait tuer VOITURET et PAPILLON (les chefs de l’expédition commerciale française) avant même qu’ils aient pu atteindre Tiassalé.

Pour punir 1es Baoulé, les Français lancèrent une expédition militaire dirigée par le lieutenant STAUP. Cette expédition militaire fut stoppée par les forces d’ETIEN KOMENAN, le 11 mai 1891 et obligea les français à battre en retraite ignominieusement de nouveau sur la côte.

La force ayant échoué, les Français recoururent à la diplomatie et parvinrent le 29 décembre 1892, à conclure un traité avec les Baoulé, aux termes duquel ils acceptaient de payer un tribut de 100 onces d’or en échange de la liberté de commercer dans la zone. Grâce à la conclusion de ce traité, les Français purent envoyer une seconde mission d’exploration en pays baoulé en mars 1893, commandée par JEAN BAPTISTE MARCHAND, bien connu pour ses exploits militaires dans le Soudan occidental. Mais, à mi-chemin de Tiassalé, MARCHAND se heurta encore à l’opposition d’ETIEN KOMENAN, qui avait décidé qu’  » aucun Blanc ne parviendrait à Tiassalé ». Marchand revint donc à Grand-Lahou puis, ayant rassemblé des hommes, s’embarqua le 18 mai 1893 pour envahir Tiassalé, qu’il occupa après une semaine de violentes batailles qui se soldèrent par la fuite d’ETIEN KOMENAN.
De là, MARCHAND reprit sa marche vers le Nord et en novembre 1893, pénétra à Gbèkékro, qui fut plus tard rebaptisé Bouaké par les Français. Là encore, il dut affronter le chef de cette ville, KOUASSI GBÈKÉ, qui était allié, à cette époque, avec Samory Touré. Marchand fut alors obligé d’aller vers Kong, d’où il envoya un appel pressant à Paris, afin qu’on lui envoie une expédition pour occuper cette ville. En réponse à cet appel, les Français organisèrent une expédition en septembre 1894; dirigée par MONTEIL.
Cette expédition de Monteil rencontra une opposition encore plus vive des Baoulé, qui se révoltèrent et l’attaquèrent sur tous les fronts. Cette résistance opiniâtre des baoulés poussa MONTEIL à se replier sur la côte en février 1895.

Entre 1895 et 1898, le pays Baoulé connut la paix. Mais après avoir battu et capturé Samory Touré en septembre 1898, les Français décidèrent de s’occuper du cas des baoulés et d’installer un poste militaire permanent à Bouaké.
Ils lancèrent donc quelques incursions en pays baoulé et exécutèrent leurs différents chefs.

Agacés par ces provocations, les Baoulé de cette zone se soulevèrent de nouveau et, le 22 décembre 1898, lancèrent une attaque généralisée contre les garnisons françaises. Ils étaient dirigés par KUADIO OKU, le chef de Lomo, YAO GIE, un chef ngban, KASSO le frère du chef de Katiakofikro assassiné, AKAFU BULARE, un autre chef ngban, et KWAMÉ DIÉ, le grand chef des Baoulé de Warebo.
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En réponse, les Français, après avoir déclaré le pays baoulé, territoire militaire, lancèrent une série de campagnes militaires visant à exterminer les baoulés. Leurs têtes étaient misent à prix et la razzia commença.

La paix ne fut restaurée dans la région que quand FRANÇOIS-JOSEPH CLOZEL, qui devint gouverneur intérimaire de la colonie en novembre 1902, comprit que l’emploi de la force était vain et ordonna d’arrêter les opérations militaires.

Toutefois, retenons que cette résistance des Baoulés qui se manifesta jusqu’en 1910, fut réprimée avec une brutalité et une cruauté sans précédent dans les annales de la résistance africaine.

A la fin du conflit, la population Baoulé qui était estimée à 1.500.000 âmes en 1900, passa à moins de 160 000 âmes en 1911.
Dans la même période, des révoltes du même genre, accompagnées de sévères combats et d’opérations de guérillas, se multiplièrent dans différentes régions de Côte d’Ivoire, à cause des méthodes brutales (notamment le travail forcé et la levée d’impôts exagérés) du gouverneur ANGOULVANT.
Les voisins des Baoulé, les Gouro, les Dan et les Bété résistèrent aux aussi jusqu’en 1919.

Source : Histoire générale de l’Afrique VII
L’Afrique sous domination coloniale de 1880-1935 (Unesco)

Drissa Diarrassouba De Kouban

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