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Rituel de l’Adjanou

L'Adjanou est un rituel sacré que seules des femmes initiées pratiquent lors d'une guerre, ou d'une grande catastrophe, une sécheresse, la famine ou un incendie.

Pour arrêter le désastre, seules les femmes initiées la danse toutes vêtues de blanc, le corps bariolé de kaolin. Selon les circonstances aggravantes, elles dansent également nues avec interdiction formelle à tous les non-initiés de les regarder. En cette circonstance, toute la communauté se réfugie en lieu sûr. Après les déportations massives des hommes hors des frontières, ce sont les Ivoiriennes qui par les moyens susmentionnés assuraient la résistance passive.

L’adjanou, pratiquée uniquement par les femmes chez les Baoulé, est une danse un peu particulière. Cette danse se pratique nue : « la nudité c’est la vie ! Il ne peut y avoir de vie sans nudité. La vie commence par la nudité. Quand une femme s’est mise nue, c’est pour dire qu’elle est pleinement dans la vie. Cette danse permet également d’interrompre systématiquement un conflit en cours dans les communautés baoulé ».
Lors de l’exécution, les femmes tiennent une plante en main (agnan). Celle-ci a des propriétés et des effets presque identiques à ceux du bobla ou du yaocé chez les Dida.

Cette danse traditionnelle fait partie de la culture africaine. Pratiquée par les Baoulés du peuple des Akan de l’Afrique de l’ouest l’Adjanou est une danse rituelle uniquement pratiquée par les femmes.

La danse se pratiquant nu elle est donc interdite aux hommes. Ainsi pour annoncer le début du rituel les femmes sonnent la cloche dans tout le village pour prévenir les hommes et leur signifier de se retirer. Ils n’ont pas le droit de voir la nudité de celles-ci.

Les femmes Baoulés sont fortes et sont convaincues qu’elles ont un rôle important à jouer dans le bonheur de leurs familles et de leur communauté. Pour cette raison elles exécutaient cette danse pour la protection de leurs familles, pour le règlement des conflits dans la communauté, pour transformer les mauvaises situations et rétablir la paix.

Mais depuis l’avènement des religions occidentales les rituels et pratiques ancestrales ont peu à peu disparus et perdus leurs valeurs aux yeux des africains. C’est également le cas de l’Adjanou.

L’adjanou

Un « fétiche de bonheur », comme elles le présentent, destiné à protéger les leurs. Pour l’annoncer, elles font le tour du village en sonnant une cloche. Les hommes savent alors qu’ils doivent rentrer chez eux : il leur est défendu de voir le corps nu des danseuses, qu’elles ont enduit de kaolin (argile blanche). « Il n’y a pas d’initiation ni de chorégraphie spécifique, n’importe quelle femme peut danser l’Adjanou, sauf si elle est enceinte ou vient d’accoucher d’un garçon », explique Brigitte, l’une des six femmes.

Mais voilà des années que la pratique diminue. L’implantation progressive du christianisme à partir des années 1970 a éloigné les habitants d’Assandrè de ce rituel animiste. Et depuis la mort du Président fondateur Félix Houphouët-Boigny, les politiciens ont arrêté de les solliciter.

On venait parfois de loin pour voir les danseuses, dans l’espoir de retrouver un travail si on était au chômage par exemple. Aujourd’hui, on ne s’y intéresse plus et selon Eliane, c’est pour cela que « le village est gâté (court à sa perte, ndlr), les enfants boivent beaucoup et ne nous écoutent pas ». Rose, villageoise de 20 ans, confie : « Mes copines ne s’intéressent pas à l’Adjanou. Moi, j’aimerais la danser mais je ne sais pas comment faire ».

Tradition séculaire

Ce rituel que l’on retrouve chez les peuples akan a pourtant traversé plus de cinq siècles. « Pendant la période précoloniale, les femmes dansaient l’Adjanou pour encourager les hommes partis au combat, raconte Elizabeth Jacob, doctorante à Stanford University et spécialiste de l’histoire des femmes ivoiriennes. Mais aussi pendant la marche des femmes sur Grand-Bassam, en 1949, contre l’administration coloniale. »

Au sein de la culture baoulée, ethnie matriarcale des peuples akan, le foyer « repose sur la femme, c’est elle qui gère l’argent et l’éducation des enfants », explique Eliane. Le chef du village d’Assandrè, Nana Kouakou Kouamé, attribue même aux femmes des pouvoirs divins pour leur capacité à procréer : « Ce sont elles qui nous ont mis au monde, elles donnent de la force aux hommes ».

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