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Marie-Thérèse Houphouët-Boigny

Marie-Thérèse Houphouët-Boigny, la femme du premier président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny. Qui est cette grande et illustre dame ? Comment a-t-elle fait chavirer le cœur du père de la nation ivoirienne pour qu’il divorce d’avec sa femme Kadhidja Racine Sow pour l’épouser tout en se mettant à dos l’Eglise catholique? Toutes les réponses dans les lignes … Continuer la lecture de « Marie-Thérèse Houphouët-Boigny »

Marie-Thérèse Houphouët-Boigny, la femme du premier président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny. Qui est cette grande et illustre dame ? Comment a-t-elle fait chavirer le cœur du père de la nation ivoirienne pour qu’il divorce d’avec sa femme Kadhidja Racine Sow pour l’épouser tout en se mettant à dos l’Eglise catholique? Toutes les réponses dans les lignes qui suivent.

Thérèse N’Goran Brou, devenue Marie-Thérèse Houphouët-Boigny, est née le 17 septembre 1930 en Côte d’Ivoire. Elle est le fruit de l’union de Lambert Yao Brou, inspecteur des douanes en Côte d’Ivoire et liée de près avec le centre du pouvoir traditionnel Baoulé à Sakassou, avec Suzanne Aya Folquet, issue d’une grande famille bourgeoise de métisses.

Thérèse Brou fait sa scolarité à l’École normale de filles de Bingerville et au lycée Mamie Faitai de cette première capitale de Côte d’Ivoire. Ses aptitudes scolaires lui valent de compter parmi les 13 filles des 148 boursiers qui seront envoyés en France dans le cadre de leurs études en 1946, sur impulsion du député ivoirien en France d’alors, Félix Houphouët-Boigny.

La famille Brou et Houphouët-Boigny, une amitié de longue date

La famille de Thérèse Brou était amie avec Félix Houphouët-Boigny depuis le début des années 1930. Certaines rumeurs feront état d’un lien de parenté entre l’ancien président de Côte d’Ivoire et la famille Folquet elle-même. Félix Houphouët-Boigny a même été le témoin de mariage de Joseph Folquet, frère de Suzanne, qu’il côtoyait et recevait régulièrement à Villepinte en région parisienne, où le député possédait un pavillon dans les années 1930-1940.

Ces affinités et l’ascendance aristocratique de la famille Brou renforcera plus tard, lorsqu’il devient un homme politique en 1945, les alliances et les liens entre cette grande famille et Félix Houphouët-Boigny, dont l’amitié avec les Brou s’avèrera politiquement bénéfique, et symbolisera un rapprochement avec le centre du pouvoir politique Baoulé. Mais pas cela seulement.

Une rencontre qui bouleverse tout

Thérèse Brou fait la rencontre de Félix Houphouët-Boigny, alors député, au tout début des années 1950 à Paris, lors d’un déplacement de celui-ci, alors qu’elle est encore étudiante. Tombé sous le charme de la jeune femme, Félix Houphouët-Boigny manifeste rapidement le désir de l’épouser. Il était déjà uni à Kadhidja Racine Sow, pour qui il avait reçu une « dispense de disparité de culte » délivrée par le pape afin de l’épouser à l’église. Il faut noter que Kady Sow était musulmane et une union avec une non-chrétienne était, en ce temps-là, un phénomène d’une rareté absolue. C’était l’autorisation pour la rendre possible que l’on appelait la « dispense de disparité de culte ».

Pourtant, le caractère exceptionnel de son mariage religieux n’empêchera pas Félix Houphouët-Boigny de se séparer, en 1950, de Kadhidja Sow avec qui il était uni et qui lui aura donné quatre enfants. Un tracas était né de là, sur lequel allaient inévitablement se heurter les relations de Félix Houphouët-Boigny avec les prêtres. Pour ces derniers, l’affaire était d’autant moins aisée que l’homme, en se mettant immédiatement en ménage avec Thérèse Brou, ne leur avait laissé aucune possibilité d’intervention.

Malgré de nombreuses difficultés, Félix Houphouët-Boigny épouse la jeune Thérèse Brou en seconde noces. Jean Delafosse était l’officier d’état civil qui avait célébré cette union le 22 juillet 1952, à l’hôtel de ville d’Abidjan. C’est seulement en 1964 que le Vatican autorise un mariage religieux, fait très rare et le second pour Houphouët-Boigny. Seize années plus tard, c’est Monseigneur Yago lui-même qui mariera religieusement Félix et Thérèse. La cérémonie, fixée au 9 mai 1980, a pour cadre la chapelle privée de la résidence de l’archevêque à Cocody à Abidjan. Elle devient dès lors Marie-Thérèse Houphouët-Boigny.

Première dame de prestige ou la Jackie Kennedy d’Afrique

Félix Houphouët-Boigny confiait à un proche dans les années 1950, alors qu’il venait d’épouser Thérèse Brou : « Pas avant longtemps nous aurons la charge de nos propres affaires. Cette fille m’accompagnera dans mes voyages et sera pour beaucoup dans la considération qui sera accordée à notre pays ». Durant les 33 années en tant que Première dame, Marie-Thérèse Houphouët-Boigny fut un atout charme pour le chef de l’État. À l’époque, très peu d’hommes politiques africains de premier plan sortaient publiquement avec leurs épouses.

Félix Houphouët-Boigny fut le premier à initier cela, paradant fièrement avec sa femme. Elle incarnait dès les premières heures de l’indépendance, les aspirations d’un continent qui se voulait moderne, jeune et prospère. Grande, fine, élancée et bien habillée, la Première dame de Côte d’Ivoire donne une image moderne.

Elle séduit et impressionne aussi bien sur le continent africain qu’en Occident. Une visite d’État effectuée en mai 1962 par le président Félix Houphouët-Boigny auprès de John F. Kennedy aux États-Unis, vient consacrer son épouse. La presse américaine conquise la baptise « Africa’s Jackie », traduit par « La Jackie Kennedy d’Afrique ».

Une dame au grand cœur pionnière du concept de charité

Très active dans le domaine social, elle ne se mêle presque jamais de politique. Elle ne donne ainsi jamais publiquement des discours, voyant cet univers uniquement par le filtre de son époux. En revanche, Marie-Thérèse Houphouët-Boigny, dans la discrétion, intercèdera auprès de lui en faveur de prisonniers politiques et opposants et usera de tout le poids de son influence pour que leur soit réservé un meilleur sort.

Par ailleurs dès les premières années d’indépendance du pays, elle crée le 3 octobre 1963, l’Association des femmes ivoiriennes (AFI). Il s’agit du premier organisme non gouvernemental de promotion de femmes en Côte d’Ivoire. Marie-Thérèse Houphouët-Boigny assure la présidence effective de ce mouvement jusqu’en 1974, pour en devenir ensuite la présidente d’honneur. L’AFI contribuera d’une certaine manière à asseoir une image moderne de la femme ivoirienne et africaine, souhaitant que soit défini le rôle et la place de la femme dans la société.

En prenant la tête de l’AFI, elle se donnait pour objectif d’améliorer la condition de la femme en Côte d’Ivoire et voulait qu’on s’intéresse à la jeunesse. Elle ouvrait ainsi la voie à la constitution de bien d’autres associations féminines. Ainsi en 1994, on comptait 28 associations de femmes déclarées en Côte d’Ivoire et 46 groupements coopératifs féminins. Elle s’investira également dans le social, inaugurant des centres de santé et des structures sociales, dont certaines porteront son nom, notamment dans les communes d’Adjamé et d’Abobo.

Cependant, l’organisation qui la consacrera « Vagabonde de la charité » n’est autre que N’Daya International. Cette fondation, qui naît officiellement le 23 octobre 1987, est dédiée à l’enfance déshéritée, voué à améliorer la santé, le bien-être et l’éducation des enfants dans le besoin en Afrique. Présidente de la fondation depuis sa création, elle a, en seulement trois ans, conduit de nombreux projets allant de la construction de cliniques, d’orphelinats, de centres de santé maternelle et infantile dans la capitale d’Abidjan à la création de camps de vacances pour les enfants dans le besoin partout dans le monde.

Enfin en 1990, elle aide à la création et production du dessin animé, Kimboo, afin d’offrir des héros de dessin animé aux enfants africains.

A toutes fins utiles, il est bon de savoir que Marie-Thérèse a eu cinq frères (Martial, Casimir, Séraphin, Léon, Benoît) et quatre sœurs (Henriette, Béatrice, Brigitte Martine). Seulement, l’ex Première dame et son défunt époux n’ont pas eu d’enfants. Toutefois, ils ont adopté officiellement deux : Hélène et Olivier. Marie-Thérèse a ensuite adopté deux filles en quelques années d’intervalle : Marylise et Myriam.

Pierre-Ephèse

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