Le matriacat Akan
Les Akans sont un groupe ethnique installé principalement au Ghana et en Côte d’Ivoire, mais aussi au Togo et au Bénin. La majorité réside au Ghana : ce sont les Ashanti, Adansi, Dinkyra, Brong, Fanti, Sefwi, Aowin, Nzima, les Akwapin, les Buem et les Kwahu.
En Côte d’Ivoire, situé précisément au centre-est et au sud-est de la Côte-d’Ivoire, le groupe Akan est réparti territorialement en trois grands groupes :
– Les Akans lagunaires,
– Les Akans forestiers et
– Les akans du centre.
La plupart des sous-groupes akans sont organisés en royaumes. L’ensemble des sociétés matrilinéaires de la zone forestière du Ghana et du Sud-Est de la Côte d’Ivoire comptent 8 à 10 millions de vivants. On retrouve au Ghana la présence du matriarcat particulièrement chez les ashanti qui considèrent le lien entre mère et enfant comme la clef de voûte de toutes les relations sociales…, comme une parenté morale absolument obligatoire.
Une femme Ashanti ne lésine pas sur le travail ou sur les sacrifices pour le bien de ses enfants…
Au début de la période coloniale, l’unité de base fondamentale de la société ashanti restait la famille-étendue matrilinéaire, dont les membres sont participants. Dans le système matrilinéaire, c’est l’oncle utérin (frère de la mère) qui est promu à l’état d’ancêtre de sorte que, dans ce cas, l’héritage ne se transmet pas de père en fils, mais d’oncle à neveu.
À l’arrivée des explorateurs portugais en 1474, ces différentes populations étaient organisées en petits royaumes indépendants. L’or paraissait si abondant dans la région que les Portugais la nommèrent Côte-de-l’Or.
Au début du XVIIIe siècle, les Ashantis constituèrent une puissante fédération qui résista aux Britanniques pendant près de deux siècles et ne fut définitivement démantelée qu’en 1900.
La famille nucléaire n’existe pas
Le mot « famille » tire son origine du terme latin « familia », dérivé de famulus qui signifiait serviteur. Il n’existe pas de mot équivalent dans la langue akan. Par ailleurs, la famille nucléaire n’est pas une institution universelle contrairement à ce que les sociologues pouvaient supposer autrefois. La famille nucléaire était, selon eux, la clef de voûte de tous les systèmes de parenté. Or, l’existence des sociétés matrilinéaires invalide cette hypothèse.
En effet, dans la société akan, la famille nucléaire ne constitue pas l’élément fondamental de son système puisque ce concept n’existe pas. Pour désigner leur système de parenté, les Akan emploient deux mots : « abusua » qui signifie groupe de descendance, et « fifo » ( littéralement la maisonnée ) qui signifie groupe domestique ou noyau résidentiel.
Sang et sperme – Corps et esprit
La culture akan est une synthèse particulière d’éléments d’origines diverses, qui peuvent être classés selon deux catégories : patrilinéaires et matrilinéaires. L’organisation sociale akan n’est pas fondée sur un système de parenté bilatéral. Leur système est dual. Et cette dualité se trouve dans chaque individu.
En effet, chaque membre est à la fois une matri-personne et une patri-personne, et les attributs de cette double nature sont réciproquement exclusifs et complémentaires. L’héritage principal, c’est-à-dire la transmission en ligne maternelle des éléments politiques et économiques de la fonction et des biens de l’individu, est fondé sur l’abusua (matrilignage) et symbolisé par le mogya (sang), qui sont les bases structurelles de la formation et du fonctionnement des clans exogames, appelés nton, lesquels regroupent plusieurs matrilignages sous un même nom.
L’héritage secondaire, qui est la transmission en ligne paternelle des éléments spirituels et psychologiques du caractère et de l’âme de l’individu, est fondé sur le groupe de parenté patrilinéaire. Cette coexistence des éléments matrilinéaires dans la vie politique, sociale et économique avec les éléments patrilinéaires dans la vie rituelle, spirituelle et psychologique met en évidence le fait que la culture akan est le résultat d’une fusion de traits culturels d’origines géographiques différentes.
Mariage entre cousins croisés
Comme les Akans constituent une société matrilinéaire, aucune femme n’est obligée de se marier contre son gré. Cette situation ne s’applique pas aux groupes ethniques du Nord du Ghana où les femmes sont soumises : mariages forcés parmi les Éwés de la région de la Volta et dans des villages de pêcheurs le long de la côte du Ghana. Chez les Akan, le groupe de descendance matrilinéaire ou abusua est exogame : ses membres sont obligés de choisir leur conjoint en dehors de ce groupe de descendance. Autrement dit, les époux doivent chacun appartenir à un groupe de descendance différent. Par ailleurs, un père et ses enfants n’appartiennent pas au même abusua. Ainsi est-il possible d’épouser un(e) cousin(e) croisé(e), c’est-à-dire l’enfant de son oncle maternel ou l’enfant de sa tante paternelle.
Dans de nombreux groupes de descendance unilinéaire, on privilégie l’union avec un(e) cousin(e) croisé(e). Un cousin croisé, c’est l’enfant du frère de sa mère ou de la soeur de son père ; des cousins croisés, ce sont donc les descendants de deux germains de sexe différent. Il se différencie du cousin parallèle, que l’on considère comme un frère ou une soeur ( l’enfant de sa tante maternelle ou de son oncle paternel ).
Des cousins parallèles sont donc les descendants de deux germains de même sexe. Ainsi, se marier avec un(e) cousin(e) parallèle serait commettre un inceste. Le nombre de mariages arrangés ne cesse de diminuer et que le mariage entre cousins croisés est de moins en moins l’union privilégiée.
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