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Monographie du département de Soubré

Soubré – Situé au sud-ouest du pays, à 400 km d’Abidjan, Soubré, chef-lieu de la région de la Nawa, est une circonscription administrative riche en potentialités agricoles et forestières faisant de la région l’un des pôles économiques les plus importants de la Côte d’Ivoire mais également une des régions les plus convoitées entraînant parfois des conflits fonciers.

I- Présentation

Soubré a été successivement Chef-lieu de Subdivision territoriale en 1903, avant d’être érigé en Chef-lieu de Département par Décret n°79-409 du 21 mai 1979, suite à la scission du Département de Sassandra. Elle a été ensuite par Décret n°2011-263 du 28 septembre 2011, portant organisation du territoire national en district et en régions, été érigée en Chef-lieu de la Région de la NAWA.

Il est limité au nord par les départements de Buyo et d’Issia, au sud, les départements de Méagui et de Sassandra, à l’est, les départements de Gagnoa et de Gueyo et à l’ouest, les départements de Taï et de Tabou.

Selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) de 2014, le département de Soubré compte 464 554 Habitants, dont 245 754 hommes et 218 800 femmes, pour une superficie de 4.779 km², et 70% de cette population vit en milieu rural.

II- Caractéristique physique du département de Soubré

Le département de Soubré a un relief caractérisé par de vastes plateaux que surmontent par endroits quelques élévations constituées de collines dont le mont Trokoa, situé dans la sous-préfecture d’Okrouyo. Il a un climat, de type subéquatorial qui est caractérisé par deux saisons pluvieuses qui se situent entre avril-juin et septembre-novembre) et deux saisons sèches (juillet-août et décembre-mars).

Il a un réseau hydrographique constitué de cours d’eaux permanents dont les plus importants sont le fleuve Sassandra et ses principaux affluents que sont la Lobo, la Dado, le N’Zo et le Goh.

Soubré a un barrage hydroélectrique qui fonctionne depuis 1980 et qui est construit sur le fleuve Sassandra et un lac artificiel privé de quatre hectares à Mayo aménagées pour la culture du riz irrigué et la culture maraichère.

Les sols du Département de Soubré sont fertiles et bien adaptés à tous types de cultures vivrières ou industrielles.

Soubré a une végétation marquée par la forêt noire, dense et humide qui fait place aujourd’hui à des lambeaux de forêts et d’immenses plantations de cultures pérennes traditionnelles ou industrielles.

Toutefois, il existe deux forêts classées dans le Département gérées et protégées par la SODEFOR, les monts Kourabahi (3 350 ha) et la forêt classée de Niégré dans la Sous-préfecture d’Okrouyo. Mais ces forêts n’existent plus que de nom car fortement infiltrées par les populations.

III- Caractéristique sociologique

Le peuplement du département de Soubré est d’origine diverse. Les bakoué, les bété, et Kouzié constituent les autochtones du département de Soubré et font partie du groupe Krou. Les allochtones et allogènes issus des différentes groupes ethniques sont essentiellement constitué d’Akans (Baoulé, Agni, Abron Abey, Attié, Ebrié), de voltaïque (sénoufo, tabgbana, lobi, koulango, djimini, nafana), Mandé (malinké, yacouba, Toura, Gouro).

Les communautés non ivoiriennes proviennent en grande partie du Bénin, Burkina-Faso, Niger, Ghana, Nigéria, Togo, Sénégal, Liban. Ces communautés ont immigré dans le département de Soubré depuis l’époque coloniale.

Le mode de succession chez les autochtones est patrilinéaire. L’héritage revient au frère ainé du défunt, suite à une décision du conseil de famille. L’héritier a la charge des orphelins, de la ou les veuves du cujus. Mais avec l’influence des règles du droit moderne, ce mode de succession tend à disparaitre au profit de la succession de père en fils.

L’organisation de la chefferie de la communauté autochtone n’est pas institutionnalisée comme dans certains pays africains. En pays Krou en général et dans le département de Soubré en particulier, le choix du chef se fait par la voie élective, ce qui fait que son autorité est souvent mise à mal sous l’influence des hommes politiques ou des leaders d’opinions.

De façon générale le vendredi est un jour sacré pour les communautés autochtones, c’est un jour au cours duquel les travaux sont interdits sous peine d’amendes et de sanctions sociales. C’est également le jour du repos.

Selon les villages, les jours du marché sont fixés soit les dimanches, soit les mercredis ou les vendredis.

Il est également interdit à un allochtone ou allogène de commettre l’adultère avec une femme autochtone. Toute personne qui enfreint cette prescription est bannie du village et s’expose à la confiscation de ses biens par les communautés villageoises. De même, toute personne non autochtone qui commet un crime de sang est bannie.

IV- Caractéristique économiques

L’économie du département repose essentiellement sur quatre cultures de rente que sont le café, le cacao, le palmier à huile et l’hévéa appuyées par des structures de développement ainsi que des cultures vivrières que sont le riz, le maïs, le manioc, la banane plantain et l’igname. Elles sont essentiellement destinées à l’auto consommation et à la commercialisation.

Quant aux ressources halieutiques ; elles proviennent essentiellement de la pêche artisanale pratiquée par environ 115 pêcheurs majoritairement d’origine malienne (communément appelés les bozo), avec des matériels de pêche tels que les filets maillants, l’épervier, les palangres, les nasses (le plus utilisé). La pisciculture connaît un essor progressif mais reste encore mal organisée en raison des querelles de leadership. L’activité de pêche s’est développée dans la Région à la faveur de la construction du barrage de Buyo sur le fleuve Sassandra, bientôt, elle sera encore plus accrue lorsque les travaux du barrage de Soubré seront achevés.

V- Les actions pour le développement du département

En vue d’assurer la pérennisation des cultures pérennes et vivrières, des projets sont initiés par l’Etat avec l’encadrement de l’ANADER, le CNRA et certaines compagnies étrangères.

Les établissements scolaires et secondaires du département de Soubré sont insuffisants pour accueillir le nombre d’enfants en âge d’être scolarisés, ce qui a pour conséquence des effectifs pléthoriques dans les salles de classe.

Pour répondre donc aux attentes des populations, le Gouvernement à travers le Programme d’Urgence Présidentiel d’Appui à l’Education de Base, a construit 11 établissements primaires et deux collèges dans le département de Soubré pour appuyer les Collectivités territoriales. Ces établissements accueillent déjà les écoliers et élèves de Soubré.

Parallèlement au Programme Présidentiel d’Urgence, le projet Vision For Change (V4C) du groupe ICRAF-MARS et le Ministère d’Etat, Ministère de l’Emploi, des Affaires Sociales et de la Formation Professionnelle ainsi que le Conseil du Café-Cacao, dans le cadre du système de suivi du travail des enfants, initient des actions de renforcement des capacités d’accueil des structures éducatives, à travers la construction et l’équipement des salles de classe dans le milieu rural.

La construction d’un préau devant servir aux réunions d’information et de sensibilisation dans la localité de Zergbeu (village situé à 11 km de la commune de Soubré) à été validée par l’ADDR, au titre de la réalisation des projets communautaires.

Pour mettre fin à la surexploitation et à la dégradation du parc national de Taï qui représente plus de 50% de la superficie totale des blocs de forêts encore existante en Côte d’Ivoire, des activités de surveillances menées 2013 dans ce parc ont permis d’appréhender 337 délinquants dont 73 braconniers, 188 orpailleurs et 66 paysans défricheurs ainsi que d’importantes saisies de matériels de chasse (44 fusils C12, 453 munitions C12, 12 pioches, 84 pelles et 45 machettes).

VI- Les problèmes et contraintes liées au développement

La diversité des origines des populations, des différences socioculturelles et les intérêts économiques contradictoires relativement à l’exploitation effrénée des sols constituent un véritable terreau favorable à des conflits multiformes.

Au nombre de ceux-ci l’on distingue les conflits entre allochtones et autochtones, entre allochtones et allogènes de la CEDEAO, entre allochtones et les structures étatiques de gestion des forêts classées ainsi que des parcs et réserves.

VII- Les projets prioritaires

– Le bitumage de 7,8 km de route urbaine dans la commune de Soubré, en cours de réalisation sur cinq itinéraires, Voie carrefour Doboa – Mairie – Eglise Catholique Rosaire – Collège Marc Ange, Voie carrefour Doboa – Terminus Gabon – Palmeraies, Voie SGBCI – Hôpital Général – Morgue, Voie Brigade de Gendarmerie – Station Total, Voie Lycée B. Zadi Zaourou – Collège Nawa – Clinique Sainte Anne.

– La réhabilitation de 10 bâtiments dans cinq centres de santé, centres de santé urbain de Yabayo et Mayo, centres de santé de Méagui et Touagui 2, et le centre de santé de Konédougou.

– La réhabilitation de 18 bâtiments dans six écoles primaires publiques, EPP Niapoyo, Konédougou, Touagui 2, Séribouo et kipiri et une école maternelle dans la commune de Mayo.

– La réalisation de 10 ouvrages d’hydraulique villageoise améliorée et 53 pompes villageois dans les localités de Buyo, Grand-Zattry, Méagui et Soubré.

Le département de Soubré est une circonscription administration riche de ses potentialités agricoles et forestières mais qui demeure handicapée par des conflits fonciers.

(AIP)

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