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L’Histoire d’Attécoubé 3

Attécoubé 3 est un quartier de la commune d’Attécoubé situé dans la partie centrale d’Abidjan. Ce quartier compte actuellement plus de 10 000 habitants dont la plus grande partie est Malinké. On y trouve aussi une forte représentation des populations originaires des pays de la CEDEAO.

A l’origine, le site de l’actuel Attécoubé 3 était une grande plantation de la tribu des Ebriés. Ce peuple lagunaire, transfuge du Groupe Akan, y cultivait du manioc qui servait à la fabrication de l’Attiéké* qui constitue jusqu’à ce jour leur denrée alimentaire préférée. Les Ebriés étaient très accueillants et offraient gîte et couvert à tous les voyageurs qui y faisaient escale et à d’éventuels étrangers quelque soit leur provenance et leur ethnie.

C’est sans nul doute cette hospitalité remarquable qui poussa BAKA Jean, chauffeur et exploitant forestier, à demander une portion de terrain à ce peuple pour construire sa concession. Comme par enchantement, la terre lui fut offerte et il s’y installa en 1965 avec sa famille qui était composé de quatre (4) personnes c’est-à-dire sa femme, ses deux enfants et lui-même.

La deuxième famille qui s’installa après celle de BAKA Jean fut celle de DJONNE, originaire du Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire précisément du peuple Gouro*. Ce dernier et sa femme cultivaient des vivres dont une partie était destinée à la ration alimentaire de la famille et l’autre était commercialisée pour assurer les autres besoins.

A partir de 1967, les autres habitants se sont installés par vagues successives jusqu’à ce que la plantation commence à disparaître. Il faut remarquer que les Ebriés ne vendaient pas leurs terres mais les donnaient aux demandeurs en échange de services rendus : on peut citer entre autres l’exercice de travaux champêtres et la pêche quotidienne sur un délai raisonnable. C’est ainsi qu’on a pu assister à l’arrivée et à l’installation des doyens et patriarches suivants :

– KAFONLO Bakary Koné
– ZONGO Jean-Pierre (commerçant)
– AHENADJI (attié, exploitant forestier CUBAS)
– DJE Bi Djè
– N’ GUESSAN Kan (chauffeur de camion grumier)
– KONATÉ (chauffeur)
– Moussa COULIBALY (maçon Malien)
– TOH André (cuisinier Gouro)
– API Lucie (ménagère Attié) originaire de Grand-Alépé, une ville du Sud de la Côte d’Ivoire actuelle
– YAO Kouakou (mécanicien et chauffeur) en 1968

Ils étaient presque tous analphabètes à l’exception de YAO Kouakou qui était aussi le plus jeune donc forcément admiré par les plus âgés. Il jouait très souvent le rôle de porte-parole du peuple auprès des autorités locales et administratives.

Le village ressemblait désormais à une clairière entourée de gros arbres et parsemée de brousses. Il fut baptisé DJÈTIFLA par DJE Bi Djè dit DJE Ti. L’appellation DJÈTIFLA signifiait en ethnie Gouro « Village de DJÈTI ». Les concessions étaient reliées par des petites pistes à travers les brousses. Le premier chef fut évidemment le premier arrivant BAKA Jean. Il régna pendant trois ans (3) avant de céder son fauteuil parce qu’il n’avait pas assez de temps car très occupé par son boulot. Son successeur fut DJE Bi Djè. Il faut dire que ce dernier fut consacré chef parce qu’il était le plus libre du point de vue professionnel. Il était chargé, en tant que Chef, de régler les différends entre les habitants et de veiller à assurer la cohésion sociale entre les familles du village.

Les habitants de DJÈTIFLA construisaient leurs maisons en banco (terre battue) parce qu’ils pensaient que les Ebriés pouvaient à tout moment les faire partir de là. C’est pour cette raison que jusqu’aujourd’hui le quartier compte un nombre remarquable de constructions en banco.

Le bitumage de la voie reliant Adjamé à Locodjro débuta en 1975 et cela procura pas mal de petits boulots aux jeunes du village. L’autoroute du Nord fut aussi bitumée à partir de 1976 à la grande satisfaction de tous les Abidjanais qui ne voyageaient que par L’Ancienne Route (seule voie de sortie d’Abidjan).

Plus tard, certains chefs de famille trouvèrent que l’appellation DJÈTIFLA (en Gouro) ne répondait pas véritablement aux objectifs de paix et de village mixte (ethniquement parlant) qu’ils voulaient forger. Dès lors, cela constitua une pomme de discorde entre les familles. Alors, plusieurs plaintes fut portées devant le Secrétaire Général du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, parti unique à l’époque) qui était le représentant direct du gouvernement dans la localité d’Attécoubé car il y résidait. Et, après plusieurs discutions avec les populations, M. Ernest N’Koumo MOBIO décida que DJÈTIFLA s’appelle désormais ATTECOUBE 3 et passa du statut de village à celui de quartier.

Il faut noter qu’en ces temps-là, la seule localité d’Abidjan qui était une commune gérée par un Maire était le Plateau. Les autres localités telles que Port-Bouët et Treichville avaient chacun un Délégué mais Attécoubé n’avait rien de tout ça. C’est par la suite qu’un décret présidentiel transforma la localité en commune et le premier Maire fut évidemment le Secrétaire Général résident. Il fut reconduit plusieurs fois jusqu’en 1995 où il accepta volontiers de céder son fauteuil à MOBIO Kouédan Roger car appelé à devenir Maire centrale de la ville d’Abidjan. Ce dernier ne fit qu’un seul mandat (cinq ans) avant d’être remplacé par l’actuel magistrat communal DANHO Paulin Claude qui a construit récemment la seule et première école primaire publique d’Attécoubé 3 ainsi que le marché moderne.

Source: AMEEAA – sites.google.com/site/attecoube3students

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