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Origine du ciwara

Dahacɛnnmɛ, un homme originaire de wakoro, voyant le nombre considérable de personne qui mourait par morsure de serpents, prit un jour le chemin de Segountila, derrière Ségou.

Après quelques jours de marche, Dahacɛnnmɛ arriva à Segountila où il rencontra Dumanacɛ un guérisseur de grande renommée. Celui-ci réserva un grand accueil à Dahacɛnnmɛ, qui resta auprès de lui quelques jours et lui exposa son problème. Le guérisseur de Segountila lui remit une corne d’antilope contenant un remède très efficace contre la morsure de serpent, et lui dit « Prends cette corne. A l’intérieur, tu y trouveras une poudre très efficace contre la morsure de serpent, elle t’aidera aussi à avoir beaucoup de mil ». Il lui remit également une petite louche et lui dit : « Prends cette louche et donne-toi courageusement au travail de la terre.

Durant cette saison hivernale, amène-la avec toi au champ ; tu la rempliras avec la sueur de ton corps. Une fois que tu l’auras remplie de ta sueur, viens me voir ». Tout heureux, Dahacɛnnmɛ prit le chemin du retour. Arrivé à wakoro, il fit comme le guérisseur lui avait dit. Chaque jour, durant toute la saison des pluies, il amenait la petite louche au champ, la déposait sur un arbre et se mettait au travail. Quand il transpirait, il allait verser sa sueur dans la petite louche. Il fit cela une fois, deux fois, un jour, un mois, mois après mois….toute la saison hivernale. Mais il constata que la louche restait toujours vide.

Alors il prit à nouveau le chemin vers Segountila, alla voir Dumanacɛ et lui expliqua ce qui s’était passé. Arrivé à Segountila, Dumanacɛ lui demanda : « Comment s’est passé l’hivernage ? »Dahacɛnnmɛ lui répondit : « Nous avons eu assez de mil et toute personne qui a été mordue par un serpent a été guérie ». Alors le grand guérisseur lui dit : « Dahacɛnnmɛ, le moyen le plus efficace pour avoir assez de mil, c’est le courage ».C’est ainsi que le ciwara arriva à Wakoro. Puis il se répandit dans de nombreux villages tels que: Kaakahan, Lapicazirii, Kuruma, Korolokahan. Avant la prise de Sikasso, on pouvait dénombrer dans la région, une soixantaine de cases de Ciwara. Aujourd’hui, il n’en reste qu’une seule

Les membres du Ciwara
Les membres du ciwara constituent une association très unie. En hivernage, ils cultivent ensemble une fois par semaine. Toute relation sexuelle avec la femme ou la fiancée d’un membre de l’association est interdite. Une femme ou une fille de l’association en période de menstruation, ne peut ni danser ni toucher à tout objet appartenant à la grande famille des objets rituels du Ciwara.

Les masques
Ils représentent des grands oiseaux avec des longs becs en forme de cornes.
« Les oiseaux ciwara arrivent ! Les oiseaux ciwara arrivent ! » S’écrient les gens quand les masques font leur apparition :
Serpent et oiseau sont des opposés.
Le ciwara est donc :
Un symbole de l’oiseau qui domine le serpent,
Un symbole du ciel et de la terre,
Symbole également de la supériorité de l’homme sur l’animal.
Il y a deux masques : mâle et femelle.

La danse
La danse parle de la vie.
Elle est une danse nuptiale, un chant d’amour.
Les masques, élancés majestueusement vers le ciel, représentent l’homme et la femme : l’homme chef de la famille, la femme servante de la parenté.
L’un derrière l’autre, l’un accroupi à côté de l’autre.
Toujours ensemble.
La force de l’homme et la douceur de la femme se donnent la main.
En dansant, l’homme s’élance avec force vers l’avant. La femme recule doucement vers l’arrière.
Ainsi en est-il de la vie : on avance, on recule, on s’en va, on retourne.
L’un arrive, l’autre part ; il y a des joies et des peines.
Il y a la maladie et la souffrance,
La vie et la mort,
La saison de pluie et la saison sèche,
Le jour et la nuit,
Le travail et la fête.
C’est le rythme de la vie
Pareil au métier et à la navette du tisserand

Les instruments de musique
Le balafon, les tambours ( Pinmbwòhò, Pinzugo, woro, Pinmbuu, Goloŋò)

Sont les instruments qui accompagnent la danse du ciwara

Le Langage du ciwara
Le langage des masques n’est pas celui des hommes. Un non initié ne peut le comprendre.

Chaque masque tient dans sa main droite une corne percée d’un seul trou recouvert de cuir qu’il emploie pour communiquer.

Cette corne appelée « waradáŋi » contient de la poudre contre la morsure de serpents.

Les interdits
Personne ne doit passer entre les masques ; ils seraient profanés et une réparation serait nécessaire.

Dans le culte traditionnel du ciwara, il y a cinq éléments :
– Un élément culturel : la musique, les chants, la parole et la beauté de la danse.
– Un élément social : la cohésion et le renforcement du groupe
– Un élément thérapeutique : Remède contre la morsure de serpent
– Un élément festif
– Un élément religieux

Il y a d’autres sociétés initiatiques telles que
– Les tenants de la Religion Traditionnelle
– Les forgerons
– Les devins

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