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Le doubéhi chez les Bété

Le doubéhi est un mot composé de « dou » qui signifie village et « béhi » pour ami intime. Mais cette dénomination n'est pas la seule. Chez les bété d'Issia on dit gôlôbéhi chez ceux de Daloa, c'est gbeuhbéhi.

Le doubéhi est un mot composé de « dou » qui signifie village et « béhi » pour ami intime. Mais cette dénomination n’est pas la seule. Chez les bété d’Issia on dit gôlôbéhi chez ceux de Daloa, c’est gbeuhbéhi.

Ainsi, le doubéhi pourrait se traduire par « ami du village ». Le doubehi est « l’ami, le frère ou la sœur choisie parmi les gens du village ou de la contrée », le gardien des secrets, le protecteur, le confident, le conseiller.

Il est choisi librement. Mais les doubéhi sont de sexes opposés.Toujours une fille et un garçon. La fille doit être à ses premières menstrues et le garçon à ses premières éjaculations nocturnes. Ce sont les parents et aînés du village qui les mettent en rapport sans les contraindre. Le jeune garçon doit offrir un présent à la jeune fille. Une fois l’alliance tissée, les jeunes gens sont dits doubéhis.

Les doubéhis ne vivent pas ensemble. Chacun d’eux demeure dans la maison de ses pères. Ainsi, ce n’est pas un mariage, même pas à l’essai. Ils n’ont pas le droit d’avoir des relations sexuelles. Les doubéhis ne peuvent pas se mariés quelles que soient les circonstances. Aussi, les doubéhis sont-ils soumis à une surveillance de tous les instants : faits et gestes sont épiés afin d’éviter l’irréparable : le sexe

Il s’agit, pour la société bété, à travers cette institution, d’encadrer les jeunes gens, les préparer à entrer dans la vie matrimoniale en toute quiétude. Cet encadrement se réalise comme suit :

– Le garçon est formé par les hommes du village qui lui montrent comment être un bon époux, un bon chef de famille, un mâle viril qui peut s’occuper d’une femme, des femmes et d’une famille. On lui enseigne la façon d’éduquer sa progéniture en prenant de bonnes décisions. Il apprend à chasser (notons que la société bété est une société cynégétique), à gérer les conflits familiaux.

– La jeune fille reçoit elle aussi, une formation particulière par les femmes du village. On lui donne les bases d’une relation ménagère: l’entretien d’une maison, faire la cuisine, être soumise à son mari.

Au sein de la société, les doubéhis jouent un certain nombre de rôles :
Le rôle du doubéhi dans la conclusion du mariage de son doubéhi. Il est intermédiaire entre son doubéhi et la future conjointe ou le futur conjoint de son doubéhi. C’est à lui que le prétendant s’adresse.

Le rôle du doubéhi pendant le mariage. Même mariés, les doubéhi peuvent se rendre visitent mutuellement. Et leurs époux respectifs doivent les recevoir avec loyauté, honneurs, comme des « frères » ou « sœurs » de leur conjoint(e).

Le doubéhi intervient également en cas de conflit conjugal. C’est elle qui calme le mari de son doubéhi ou qui raisonne sa doubéhi. Il / elle est porteur (teuse) et faiseur (seuse) de paix.

Le kalegnon
Le kalegnon est le dominateur, le guerrier intrépide qui protège sa communauté. En cas de déficit de femmes à épouser, c’est lui qui enlève les femmes d’autres communautés afin de les donner comme épouses à ceux de sa communauté.

Source: umeci.org.ci
Séraphin NENE BI, Agrégé des Facultés de Droit

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