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L’attiéké

Le mot attiéké est une déformation du mot 'adjèkè' de la langue ébrié parlée dans le sud de la Côte d'Ivoire. à l'origine (et parfois encore aujourd'hui), les femmes ébriés ne confectionnent pas de la même manière l'attiéké qu'elles vendent avec celui qui est consommé par leur propre ménage.

Par conséquent, elles qualifiaient d’adjèkè le produit vendu pour le commerce ou pour la vente, afin de marquer la différence avec le produit consommé à la maison (Ahi). Ce sont ensuite les transporteurs bambara qui ont propagé ce mot le faisant passer à ‘atchèkè’ puis le colons (certainement pour motif d’esthétisme à l’écriture) écrivit ‘attiéké’.

Spécialité culinaire de certains peuples lagunaires (Ebrié, Adjoukrou, Alladian, Avikam, Attié, Ahizi) du Sud de la Côte d’Ivoire, l’attiéké est traditionnellement produit par les femmes, des équipes constituées dans le village se groupant pour la production. Sa consommation est tellement forte que des usines ont été construites pour le fabriquer.

C’est ainsi qu’en 1979 a été créée la Société Ivoirienne de Technologie Tropicale (I2T) dirigéé par M.DIARRA A. Oumar, pour faciliter la tache aux producteurs de la filière attiéké, mais surtout moderniser la production , produire de l’attiéké de qualité et maximiser les profits. L’attiéké connaît non seulement le succès en Côte d’Ivoire mais il est aussi exporté sous forme déshydratée vers les pays européens, et sous forme de boules (sa présentation locale habituelle) vers les autres pays africains de la sous-région occidentale.

Au fil du temps ce sont développés plusieurs variantes d’attiéké:

L’abgodjama
C’est un attiéké dont les grains se différencient des autres à leurs tailles. Les grains sont de grosses tailles et cet attiéké généralement fait pour être consommé par les peuples lagunaires eux-mêmes est fait à base d’une variété de manioc de qualité supérieure. Il coûte plus cher que les autres variétés et, il est bien souvent difficile de s’en procurer.

L’attiéké petit grain
Il est destiné au commerce et a des grains relativement plus petit que l’agbodjama. C’est le standard de l’attiéké, cette variété est disponible sur les marchés en grande quantité et à bas coûts

L’attiéke de garba
Comme son nom l’indique il est destiné à la consommation de garba. Composé de très petits grains entremêlés, il est fait à partir de la pâte de manioc fermenté destiné à faire du placali d’où son gout très acidulé. de plus, l’étape de roulage pour l’attiéké est remplacé par un tamisage d’où la texture peu régulière et très agglomérés de ses grains et d a pour conséquence d’avoir des grains très agglomérés et surtout un gout très acide de manioc avec du manioc de mauvaises qualités, ce qui favorise les fibres présents dans l’attiéké. Sa vente, se fait par lot et reviens beaucoup trois fois moins cher que l’attiéké de qualité

Préparation
Le manioc est épluché, broyé et mélangé à une petite quantité de manioc auparavant fermenté (c’est l’inoculum ou ferment ayant différentes appellations selon les ethnies productrices: « mangnan en Ebrié, « lidjrou en Adjoukrou et bêdêfon en allandjan), puis la pâte ainsi obtenue est mise à nouveau à fermenter pendant un à deux jours. Au bout du temps de fermentation qui aura permis d’éliminer en grande partie l’acide cyanhydrique que contient naturellement le manioc, la pâte est essorée, tamisée, séchée et vannée, puis mise à cuire à la vapeur. Après quelques minutes de cuisson, l’attiéké est prêt à être consommé.

Différences avec le couscous de blé
L’attiéké est pourvu d’un goût très légèrement acide et d’une odeur franche. Les palais les moins affinés ne sentent pas de différence avec le couscous de blé. Pourtant, sa couleur plus claire, sa texture plus élastique et plus collante, son aspect légèrement translucide les différencient bien. Son parfum est typique. En outre la plus grande différence réside dans le fait que l’attiéké est produit fermenté alors que le couscous est un produit issu de la mouture directe du blé

Accompagnement
L’Attiéké se consomme traditionnellement en accompagnement de viandes ou de poissons, souvent avec une sauce (claire ou graine) dans le sud de la Côte d’ivoire, et peut se manger avec les mains après en avoir formé de petites boulettes. L’attiéké peut également se consommer avec des œufs en omelettes, pour le diner ou comme goûter. Ce repas est généralement accompagné d’un mélange d’oignons et de tomates découpés en dés et aromatisés avec des épices et du vinaigre. L’attiéké s’accompagne de fruits comme l’avocat et parfois même de graines d’arachides grillées.

Il a la réputation de faire dormir. Certains diront que c’est parce qu’il rassasie bien, d’autres parce qu’il a une haute teneur en amidon. L’attiéké est composé à plus de 95 % de glucides et est très pauvre en lipides (environ 2 %) ainsi qu’en protides (moins de 2 %). Sa valeur calorique est faible, avec environ 350 kCal pour 100 g.

Toujours est-il que c’est un accompagnement prisé par les populations pauvres car il donne l’impression de manger à satiété pour un faible prix.

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