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Les insignes du pouvoir tenus ou portés par les dignitaires de la cour chez le Akan

Autrefois se tenait en permanence aux côtés du roi un captif, ostensiblement paré d'un pectoral en or de forme circulaire. Ce captif, que le roi appelait parfois « ma bonne âme » (kra kpa), était son confident et avait une fonction importante et délicate. Il devait assurer périodiquement le renforcement de l'« âme » (kra) du roi et détourner de lui en permanence la mort et les attaques de la maladie, en les recevant à sa place.

La mort du roi est en effet un scandale qui plonge le monde dans le chaos, ici comme dans d’autres royaumes africains. Nul ne doit en parler ouvertement, mais seulement à mots couverts, par exemple en disant que « le grand arbre est déraciné ». Tant que le roi vit, celui qui est en quelque sorte son double est craint et ménagé. S’il a bien accompli sa tâche, ce captif aura droit à de belles funérailles. En revanche, s’il survit au roi, il est tourné en dérision et vilipendé.

La personne du roi, habitacle du tumi, est dangereuse pour ceux qui l’approchent, mais aussi fragile et menacée. Le contact avec le roi, si recherché soit-il (il y a trace de thaumaturgie chez les anciens rois anyi), ne peut être prolongé, comme s’il émanait de lui une tension trop élevée pour qu’on puisse la supporter impunément. Avant d’atteindre ses visiteurs, la parole du roi doit passer par un ou deux intermédiaires, et il en va de même en sens inverse. L’insigne de fonction du kyame, mot traduit en français par « porte-canne » et au Ghana par linguist, est une longue canne. Ces orateurs sont aussi des diplomates qui filtrent à l’occasion les propos du roi jugés trop vifs.

Ces cannes, faites d’une âme de bois recouverte d’une feuille d’or, portent à leur extrémité la figuration de scènes ou d’objets qui ont trait au pouvoir politique et commentent généralement des proverbes…

L’enfant qui s’est hasardé hors de chez lui a rencontré un lion qu’il caresse. Le lion tourne la tête, le regarde et dit : « Je ne suis pas le mouton de ton papa », ce qui signifie « si tu ne me respectes pas, prends garde à toi ». C’est la canne d’une chefferie qui, dans la hiérarchie traditionnelle, a perdu la place qu’elle occupait au xviiie siècle. L’allusion est claire

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