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Les structures familiales Malinké

Les Malinké, principal groupe ethnique d'Odienné, sont très souvent désignés par le terme de « Dioula » par les populations forestières - qui reprennent ainsi un terme fort imprécis et sans signification stable qui fut consacré par l'administration coloniale.

L’expression « Dioula », synonyme de « commerçant », traduit de fait la forte spécialisation marchande de la zone et, partant, l’activité exercée par nombre d’habitants du Denguélé. De fait, les premiers Malinké arrivés dans la région sont venus par le biais du négoce, et certains originaires du Denguélé pratiquent le commerce hors des frontières régionales. Mais il reste d’une part que la majorité des ressortissants de la région d’Odienné sont des agriculteurs, d’autre part que le commerce est pratiqué par des groupes « ethniques » autres que les Malinké.

Le schéma type et originel de l’unité domestique Mandé réunit, autour du chef de famille, les frères puînés et les épouses de ceux-ci ainsi que tous les enfants nés des diverses unions à l’intérieur du groupe, les enfants adoptés et, dans certains cas, les étrangers protégés par la famille. Cette entité large, correspondant à un segment de lignage (kabila), constitue de plus une unité d’exploitation agricole et budgétaire, le chef de famille ayant, outre l’autorité paternelle, la gestion de tous les biens de la communauté.

Cette conception initiale de la famille Mandé a bien évidemment évolué. De la « famille-exploitation », on est de fait passé à une unité domestique de taille plus réduite réunissant deux ou trois frères avec leurs épouses et leurs enfants. Dès le début des années 1960, divers sociologues et démographes ont montré, sur un nombre limité de villages5, que plus de la moitié des exploitations agricoles ne comportaient qu’un ou deux noyaux familiaux restreints.

Le mariage reste un événement central dans la reproduction des structures familiales en pays Malinké. Ayant pour rôle essentiel d’assurer aux lignages une descendance légitime, et plus généralement de nouer ou reconduire les alliances inter-lignagères, le mariage est assorti d’un cérémonial spectaculaire, surtout en sa phase de « l’attachement de la cola » qui doit réunir la majeure partie de famille étendue pour consacrer l’union. Il doit être ici souligné que cette conception du mariage a pour effet de retarder fortement l’entrée en union des jeunes gens, contrairement aux jeunes filles qui ont une nuptialité précoce.

Une telle situation a de fortes et visibles implications, d’une part sur la durée de dépendance sociale des jeunes hommes et partant sur leurs stratégies migratoires, d’autre part sur le souci des aînés de conserver leurs enfants et neveux au sein de l’unité domestique afin de bénéficier de leur apport en travail, enfin sur le niveau de fécondité des femmes. On se bornera à rappeler ici que:
(a) le mariage reste un contrat liant deux familles et non deux individus
(b) il est soumis à des prohibitions entre certains clans et castes, et à des règles prescriptives
(c) rassembler la dot est une épreuve longue et difficile, tant pour le jeune dépendant familial que pour le budget de la famille.

Etude réalisée par : ENSEA / IRD

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